Mieux dépister pour mieux soigner. C’est l’objectif d’une équipe de recherche du centre de prévention pour les maladies cardio-vasculaires du Brigham and Women's Hospital de Boston aux États-Unis. Dans la revue spécialisée New England Journal of Medicine, ils expliquent avoir mis au point un test sanguin capable de prédire le risque de maladie cardiovasculaire chez les femmes, sur une période de 30 ans.
Des marqueurs sanguins pour évaluer le risque cardiovasculaire
Pour ces travaux, les chercheurs ont collecté les échantillons de sang et les informations médicales de près de 28.000 femmes américaines, participantes à une vaste étude appelée Women's Health Study. Toutes ont été suivies pendant 30 ans : au cours de cette période, certaines ont subi une crise cardiaque, d’autres un accident vasculaire cérébral et certaines sont décédées à cause d’une maladie cardiovasculaire.
Grâce aux échantillons sanguins, les chercheurs ont travaillé sur trois marqueurs présents dans le sang : la CRP à haute sensibilité, ou protéine C-réactive, un marqueur de l’inflammation, le cholestérol des lipoprotéines de basse densité (LDL) et la lipoprotéine (a), ou Lp (a). Les deux dernières correspondent à des types de graisses présentes dans le sang. En croisant les résultats sanguins avec les informations médicales des patientes, ils ont cherché à savoir si ces trois marqueurs pouvaient prédire individuellement et collectivement ces événements cardio-vasculaires.
Maladies cardiovasculaires : un risque trois fois plus élevé pour certaines femmes
Les participantes ont été réparties en cinq catégories, allant de celles ayant les niveaux les plus élevés à ceux les plus bas, pour mesurer chacun des trois marqueurs. Les chercheurs ont constaté que les femmes ayant les niveaux les plus élevés de cholestérol LDL présentaient un risque accru de 36 % de maladie cardiaque par rapport à celles ayant les niveaux les plus bas. Les femmes avec les niveaux les plus élevés de Lp (a) avaient un risque supérieur de 33 %, et celles ayant les niveaux les plus élevés de CRP présentaient un risque accru de 70 %.
"Lorsque les trois mesures (cholestérol LDL, Lp(a) et CRP) ont été évaluées ensemble, les participants ayant les taux les plus élevés présentaient un risque plus de 1,5 fois plus élevé d'accident vasculaire cérébral et plus de 3 fois plus élevé de maladie coronarienne par rapport aux femmes ayant les taux les plus bas", concluent les auteurs. "Nous ne pouvons pas traiter ce que nous ne mesurons pas, et nous espérons que ces résultats permettront de se rapprocher de l'identification de moyens encore plus précoces pour détecter et prévenir les maladies cardiaques", développe l’auteur principal de cette étude Paul M. Ridker. Si cette recherche a été réalisée uniquement auprès de femmes, les chercheurs estiment que les résultats pourraient être similaires chez les hommes.