- La HAS actualise ses recommandations vaccinales pour prévenir la propagation du virus Mpox en France.
- Deux stratégies complémentaires sont mises en place : vaccination préventive pour les populations à risque et vaccination réactive pour les cas contact.
- Une dose de rappel est recommandée pour prolonger la protection des personnes vaccinées en 2022.
La menace de la réémergence du virus Mpox (ou Monkeypox) prend de l’ampleur, notamment sur le continent africain où un nouveau clade, le clade Ib, suscite une vive inquiétude. Cette situation a conduit l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à déclarer une Urgence de santé publique de portée internationale (USPPI). En France, bien que le clade II continue de circuler discrètement, les autorités sanitaires sont sur le qui-vive. Face à ce contexte préoccupant, la Haute autorité de santé (HAS) a été sollicitée pour réévaluer et actualiser les recommandations vaccinales établies lors de la précédente épidémie de 2022.
L’une des principales mesures prises par la HAS est le renforcement de la stratégie vaccinale. Celle-ci repose sur deux approches complémentaires : une campagne de vaccination préventive ciblant les populations à haut risque et une vaccination réactive pour les contacts étroits des cas identifiés. La HAS a également recommandé l'administration d'une dose de rappel pour les personnes vaccinées en 2022, une mesure cruciale pour maintenir une immunité durable.
Vaccination préventive : cibler les plus exposés
La stratégie vaccinale préventive de la HAS vise à protéger les groupes les plus exposés au virus. Elle cible spécifiquement les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et les personnes trans ayant des partenaires multiples, ainsi que les personnes en situation de prostitution et les professionnels des lieux de rencontre sexuelle. Ces populations sont identifiées comme étant à haut risque d'exposition au virus mpox.
Le vaccin utilisé, MVA-BN (commercialisé sous le nom d’Imvanex en Europe et Jynneos aux États-Unis), a démontré une efficacité vaccinale élevée. Selon les données disponibles, une protection optimale est atteinte plus de 14 jours après l’administration de deux doses, avec une efficacité estimée à 82 %. Pour les personnes immunodéprimées, une dose supplémentaire est recommandée pour renforcer la réponse immunitaire.
Vaccination réactive : une réponse rapide aux cas identifiés
La stratégie réactive vise à contenir la propagation du virus en vaccinant rapidement les contacts proches des cas identifiés. La HAS recommande que cette vaccination soit administrée dans les quatre jours suivant l'exposition au virus, ou au plus tard dans les 14 jours pour maximiser l'efficacité. Cette approche permet de limiter les chaînes de transmission, notamment dans les contextes où le virus circule encore à bas bruit, comme c’est le cas en France avec le clade II.
En ce qui concerne les mineurs, la HAS indique que la vaccination post-exposition doit être évaluée au cas par cas, en concertation avec les parents et les professionnels de santé, en raison de l'absence d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cette population.
Dose de rappel : prolonger la protection
L'une des nouveautés de l'avis de la HAS est la recommandation d'une dose de rappel pour les personnes ayant déjà reçu une primo-vaccination en 2022. Les études montrent une baisse significative des anticorps neutralisants dans les deux ans suivant la vaccination initiale, ce qui justifie l'administration d'une dose supplémentaire pour prolonger la protection. Cette recommandation s’adresse principalement aux populations à haut risque et immunodéprimées, où une baisse d'immunité pourrait avoir des conséquences graves.
L’actualisation des recommandations vaccinales par la HAS répond à une nécessité de se préparer aux menaces croissantes du virus Mpox. En combinant prévention et réaction rapide, les autorités françaises espèrent contenir la circulation du virus et protéger les populations les plus vulnérables. L’urgence est maintenant de déployer ces mesures pour éviter une nouvelle crise sanitaire.
Le rôle de l'immunité collective dans la lutte contre le Mpox
L'immunité collective, également connue sous le nom d'immunité de groupe, joue un rôle crucial dans la prévention de la propagation des maladies infectieuses. Dans le cas du Mpox, l’immunité collective pourrait théoriquement être atteinte si une proportion suffisante de la population devient immunisée, soit par la vaccination, soit par une exposition naturelle au virus. Cependant, la situation est complexe pour plusieurs raisons.
Premièrement, le taux de vaccination nécessaire pour atteindre l'immunité collective dépend du taux de reproduction du virus, qui peut varier selon les populations et les contextes. Deuxièmement, l'arrêt de la vaccination antivariolique dans les années 1980 a laissé la plupart des individus nés après cette date sans protection contre les orthopoxvirus, dont fait partie le Mpox. Enfin, l'émergence de nouveaux clades, comme le clade Ib, complique davantage la situation.