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Cas unique : un patient en rémission du VIH sans la mutation protectrice

Les médecins s’interrogent sur un patient en rémission du VIH sans avoir bénéficié d’une greffe de moelle porteuse de la mutation vue comme protectrice.

Cas unique : un patient en rémission du VIH sans la mutation protectrice nito100/istock




L'ESSENTIEL
  • Dans le monde, un total de sept personnes sont considérées comme probablement guéries ou en rémission durable de l’infection par le VIH après avoir reçu une greffe de moelle pour le traitement d’un cancer du sang.
  • Le patient de Genève est le seul à avoir connu une rémission du VIH à la suite d'une greffe de moelle osseuse non porteuse de la mutation CCR5 delta 32.
  • Or, jusqu'à présent, les médecins pensaient que les rémissions étaient liées cette mutation génétique rare capable de rendre les cellules naturellement résistantes au VIH.

Six personnes à travers le monde sont considérées comme probablement guéries ou en rémission durable de l’infection par le VIH. Le point commun entre ces malades ? Ils ont tous reçu une greffe de moelle pour le traitement d’un cancer du sang dont le donneur était porteur d'une mutation particulière : la mutation CCR5 delta 32. Pour les médecins, cet élément jouait un rôle essentiel dans leur guérison en rendant les cellules immunitaires résistantes à l’infection. Mais un septième cas, le patient de Genève, remet cette théorie en question. Il est, en effet, en rémission alors que son greffon ne contenait pas la fameuse mutation protectrice.

La Pr Alexandra Calmy des Hôpitaux universitaires de Genève et le Pr Asier Sáez-Cirión de l’Institut Pasteur suivent l'homme, appelé Romuald, depuis plusieurs mois pour comprendre ce cas particulier. Ils ont présenté leurs avancées dans la revue Nature Medicine le 2 septembre 2024

Patient de Genève : pas de charge virale depuis 32 mois

Romuald, qui vivait avec le VIH depuis le début des années 90, a bénéficié d’un suivi "rapproché et prolongé" aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) après sa greffe de moelle. Les examens ont mis en évidence une diminution progressive du réservoir viral à la suite de l'intervention. "Les cellules porteuses de virus capables de se multiplier, qui étaient facilement détectées avant la greffe, ne sont plus détectables lors des dernières analyses", assurent les auteurs dans un communiqué commun entre l'établissement suisse et l’Institut Pasteur. "À ce jour, la charge virale plasmatique est restée indétectable pendant 32 mois après l'interruption du traitement antirétroviral", précisent-ils dans leur article scientifique.

Interrogé lorsque son cas avait été rapporté pour la première fois en juillet 2023, Romuald avait confié : "ce qui m’arrive est magnifique, magique, nous sommes tournés vers l’avenir."

VIH : les réactions après la greffe au cœur des questions

Après plusieurs mois de recherche sur ce cas unique, l’équipe a émis plusieurs hypothèses pour expliquer la rémission : "la présence de cellules de l’immunité innée à fort potentiel anti VIH pourrait contrer l’éventuel rebond du virus à partir des quelques cellules infectées qui pourraient rester dans l’organisme. D’autre part, le traitement immunomodulateur que reçoit ce patient pour contrôler les réactions greffon contre hôte, expérimentées à répétition depuis la greffe, pourrait contribuer à éviter la réactivation virale."

Les scientifiques avancent que les réactions greffon contre hôte pourraient "avoir mené à une élimination tellement efficace du réservoir viral que la mutation CCR5 delta 32 n’est plus nécessaire, car plus aucun virus capable de se multiplier ne resterait dans l’organisme".

Pour eux, les découvertes faites en suivant Romuald ouvrent de nouvelles pistes de recherche visant la rémission de l’infection par le VIH.

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