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La Santé en Questions

Mpox : «Anticiper ce qui pourrait nous arriver dans les mois et les années à venir»

L'épidémie de Mpox, le virus responsable de la variole du singe qui se développe en Afrique, est-elle une menace de santé publique dans notre pays ? Quelles sont les particularités de ce virus, quels risques de propagation présente-t-il, quelles sont les populations à risque et quelle prévention doit-elle être mise en oeuvre ? Ce qu'il faut retenir des réponses du professeur d'infectiologie Xavier Lescure interrogé dans "La Santé en Questions" par le Dr Jean-François Lemoine et le Pr Jean-François Bergmann.

Mpox : \ iStock/yalcinsonat1




L'ESSENTIEL
  • Le Mpox est une épidémie qui se développe en Afrique à partir d'un virus appartenant à une branche du virus de la variole.
  • L'OMS a lancé une alerte pour urgence de santé publique de portée internationale.
  • Aucun cas de cette nouvelle phase épidémique n'a été détecté en France à ce jour mais des mesures de prévention ont déjà été prises.

1- Faut-il s'inquiéter face à l'épidémie de Mpox ?

"Je ne suis pas inquiet mais il faut saisir l'opportunité de prendre la mesure du problème dès les premières séquences de l'épidémie", souligne le Pr Xavier Lescure. Selon lui, il faut saluer le "coup de semonce" donné très tôt par l'OMS qui illustre la solidarité avec les pays d'Afrique touchés. Mais c'est aussi, selon l'infectiologue, "une alerte à prendre en considération pour anticiper ce qui pourrait nous arriver dans les mois ou les années à venir".

2 - Le Mpox, un virus de la famille de la variole

"Les symptômes ressemblent étrangement à ceux de la variole -une maladie qui a été éradiquée en 1980- avec de la fièvre, des boutons qui évoluent sous forme de pustules d'abord sur le visage avant de s'étendre à l'ensemble du corps, pustules très douloureuses qui vont s'ulcérer et qui sont source de surinfection", explique Xavier Lescure.

Il s'agit d'une maladie virale, transmise par contact peau à peau ou peau à muqueuses avec un virus qui tient longtemps sur les surfaces solides. Mais en cas de lésions des muqueuses, le risque de transmission par gouttelettes n'est pas à écarter. En revanche, contrairement à la variole, la contamination ne peut se faire par voie aérienne.

Dans les pays dont le système de soins est peu développé, elle touche principalement des enfants dont la déshydratation à cause des atteintes rhinopharyngées est la première cause de mortalité.

3 - L'origine de l'épidémie

"L'épicentre de cette épidémie se trouve en Afrique de l'ouest et en Afrique centrale. Les premiers cas humains ont été découverts en 1970 mais l'épidémie s'est longtemps limitée à de petits clusters dans ces régions. C'est en raison des effets de la mondialisation, de la déforestation, du transport d'animaux exotiques et du développement des voyages que l'épidémie s'est étendue", rappelle le Pr Lescure.

4 - Les populations à risque

Une première vague d'épidémie de Mpox -le clade 2B qui continue par ailleurs à circuler- s'est produite en 2022 et 2023 à partir du Nigéria. Les patients touchés par cette vague étaient des homosexuels ou bi-sexuels très actifs souvent liés au milieu de la prostitution.

En ce qui concerne la nouvelle vague de l'épidémie de Mpox -le clade 1b- seuls 2 cas sont actuellement connus hors d'Afrique, un en Suède et un en Thaïlande et ils concernent tous deux des personnes revenant d'Afrique et ayant eu des rapports multisexuels. Aucun cas n'a été repéré en France à ce jour.

5 - Les mesures de prévention

L'émotion qui accompagne le développement de cette épidémie est liée à la "mauvaise réputation" du virus de la variole dont le virus responsable du Mpox n'est qu'une branche qui est loin de présenter la même dangerosité. La variole qui a été éradiquée en 1980 est une maladie très grave avec un taux de létalité compris entre 30 et 50%. Par ailleurs, ce virus est "supposé être conservé par certains pays dans un but bioterroriste", comme le rappelle Xavier Lescure, ce qui explique l'écho donné à l'actuelle épidémie de "variole du singe".

La stratégie de prévention a donc été réactivée dès la mi-août avec une information ciblée sur les populations à risque qui selon le Pr Lescure "appartiennent à des réseaux faciles à sensibiliser".

La détection des personnes infectées peut se faire avec une "excellente fiabilité", selon l'infectiologue, à partir de tests PCR en laboratoires hospitaliers ou de ville avec des prélèvements sur les lésions, dans le sang ou les urines, le résultat étant obtenu en quelques heures.

6 - Les traitements et les vaccins

La maladie se traite avec des antiviraux, notamment un médicament spécifique pour le traitement des infections à virus Monkeypox -ce produit a bénéficié d'une autorisation européenne exceptionnelle de mise sur le marché en janvier 2022- ou une immunoglobuline antivariolique. 

Les traitements des symptômes sont également très importants avec des antalgiques pour lutter contre la douleur très forte dans cette maladie et des médicaments de prévention des surinfections.

En ce qui concerne la vaccination, toutes les personnes nées avant 1980 ont bénéficié du vaccin contre la variole qui reste longtemps efficace même si un rappel à partir de 50 ans est souhaitable pour les populations les plus à risque. Mais ce vaccin est parfois mal toléré.

En revanche, une nouvelle génération de vaccin antivariolique -ils continuent d'être développés en raison de l'existence d'un potentiel risque bio-terroriste- utilisé lors de l'épidémie de 2022-2023 est mieux toléré mais sa couverture est beaucoup moins durable.

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