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Plaques amyloïdes

Alzheimer : augmenter le taux de protéines cérébrales ralentirait le déclin cognitif

Par Sophie Raffin

L'augmentation des niveaux de protéines cérébrales, appelées Aβ42, pourrait ralentir le déclin de la maladie d'Alzheimer, selon une nouvelle étude.

Naeblys/istock
Des chercheurs ont découvert que l'augmentation du taux de la protéine d’Aβ42 dans le cerveau était associé à un ralentissement des troubles cognitifs.
Cette découverte remettrait en cause l'intérêt des traitements à base d'anticorps monoclonaux, récemment approuvés, selon eux.
L'équipe poursuit ses travaux sur la piste de la modification des taux d'Aβ42 pour lutter contre la maladie d'Alzheimer.

Aux USA, des médicaments à base d’anticorps monoclonaux conçus pour éliminer l’amyloïde présent dans le cerveau ont été approuvés après avoir montré qu’il réduisait le déclin cognitif. En observant les résultats, le Dr Alberto Espay de l'université de Cincinnati et son équipe ont remarqué que ces médicaments augmentaient involontairement les niveaux de la protéine cérébrale Aβ42.

"Les plaques amyloïdes ne sont pas à l’origine de la maladie d’Alzheimer, mais si le cerveau en produit trop pour se défendre contre des infections, des toxines ou des changements biologiques, il ne peut pas produire suffisamment d’Aβ42, ce qui fait chuter son taux en dessous d’un seuil critique", explique le directeur de l’étude dans un communiqué. "C’est à ce moment-là que les symptômes de la démence apparaissent."

Face à ce constat, les chercheurs ont voulu voir l’effet d’une hausse de la protéine chez des patients souffrants de la maladie neurodégénérative. Et il semblerait que cela aide à ralentir le déclin cognitif.

Cerveau : des taux plus élevés de protéines cérébrales liés à un ralentissement du déclin

Pour savoir si la hausse du taux d’Aβ42 pouvait être un autre moyen de lutter contre la maladie d’Alzheimer, les scientifiques ont analysé les données de près de 26.000 patients participant à 24 essais cliniques randomisés sur ces nouveaux traitements par anticorps, évaluant les troubles cognitifs et les différences de taux d'Aβ42 avant et après le traitement. Ils ont découvert que des taux plus élevés d'Aβ42 après le traitement étaient indépendamment associés à un ralentissement des troubles cognitifs et du déclin clinique.

"Toutes les histoires ont deux côtés, même celle que nous nous sommes racontés sur le fonctionnement des traitements anti-amyloïdes : ils réduisent l’amyloïde", estime le Dr Espay. "En fait, ils augmentent également les niveaux d’Aβ42. Même si cela n’est pas intentionnel, c’est pourquoi il peut y avoir un bénéfice. Notre étude montre que nous pouvons prédire les changements dans les résultats cognitifs dans les essais anti-amyloïdes au moins aussi bien par l’augmentation de l’Aβ42 que par la diminution de l’amyloïde."

Alzheimer : explorer la piste des taux d'Aβ42

Pour le chercheur, les résultats de son étude, publiés dans la revue Brain, posent la question de l'intérêt des anticorps monoclonaux qui éliminent l’amyloïde, récemment approuvés, pour lutter contre la maladie d'Alzheimer. Selon lui, l’élimination de l’amyloïde du cerveau par un traitement par anticorps peut être toxique et entraîner un rétrécissement plus rapide du cerveau. "Doit-on donner aux patients un traitement anti-protéine pour augmenter leurs taux de protéines ? Je pense que la fin : augmenter l'Aβ42, ne justifie pas les moyens : diminuer l'amyloïde", estime le Dr Espay.

L’expert pense qu’il serait préférable d’augmenter directement les taux d'Aβ42 sans cibler l'amyloïde. Il poursuit d'ailleurs les recherches dans cette direction.