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Covid-19, cancer... Un nouveau type d’ARN pourrait améliorer vaccins et traitements

Par Stanislas Deve

En reprogrammant l’ARN dit auto-amplificateur, des chercheurs ont développé un vaccin contre le Covid-19 qui s’est avéré aussi efficace que les vaccins à ARNm actuels chez des souris.

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Des scientifiques ont modifié la structure chimique d’un type d’ARN baptisé ARN auto-réplicatif (ou saRNA) et ont testé leur saRNA reprogrammé en tant que vaccin contre le Covid-19 chez des souris.
Avec des résultats prometteurs : "Une dose plus faible du nouveau vaccin protégeait les rongeurs de la maladie aussi efficacement que les vaccins à ARNm actuels".
La technologie de l’ARN auto-réplicatif (ou auto-amplificateur) pourrait ouvrir la voie à d’autres types de traitements contre le cancer ou les troubles génétiques car "il s'agit, en fin de compte, d'un système de production de protéines, un système de livraison de gènes".

"Des décennies de recherche ont percé les mystères de l'ARN [pour Acide RiboNucléique] dans les cellules. Sans lui, nos cellules ne pourraient pas accomplir certaines tâches fondamentales, comme transporter des acides aminés ou générer des réponses immunitaires face aux virus. Récemment, les scientifiques ont découvert comment exploiter l'ARN pour concevoir des traitements contre les maladies génétiques et le cancer, et pour fabriquer des vaccins contre le Covid-19 en utilisant l'ARN messager (ARNm)."

C’est dans cette optique que des chercheurs de l'Université de Boston, aux Etats-Unis, ont ciblé, parmi les nombreuses familles existantes (ARNr, ARNt, ARNsi, ARNmi...), un ARN moins connu qui, reprogrammé, pourrait être à la base de nouveaux vaccins et traitements contre le coronavirus et certains cancers.

Un nouveau vaccin ARN aussi protecteur contre le Covid que les ARNm

Dans le cadre de leurs travaux, publiés dans la revue Nature Biotechnology, les scientifiques ont modifié la structure chimique d’un type d’ARN baptisé ARN auto-réplicatif (ou saRNA) : contrairement aux autres ARN messagers, celui-ci a la particularité de pouvoir se répliquer dans une cellule pour produire plus de protéines qu’elle n’est programmée pour.

Après avoir constaté que leur saRNA modifié fonctionnait, du moins en laboratoire "dans une boîte de pétri", les chercheurs ont alors lancé un essai d'un an pour tester le saRNA reprogrammé en tant que vaccin contre le Covid-19 chez des souris. Avec des résultats prometteurs : "Une dose plus faible du nouveau vaccin protégeait les rongeurs de la maladie aussi efficacement que les vaccins à ARNm actuels", selon un communiqué.

Voici comment cela fonctionne. Les vaccins à ARNm standards disent aux cellules de produire une protéine spécifique qui imite le vrai virus, ce qui pousse alors le système immunitaire à combattre le virus. Mais le vaccin saRNA va plus loin en répétant ces instructions à la cellule encore et encore, créant de plus en plus de protéines. Résultat, le système immunitaire va "se souvenir" comment combattre le virus pendant un temps plus long. "L'idée est que ce vaccin pourrait allonger la durée d'expression des protéines, même lorsque vous utilisez une dose plus faible", résument les chercheurs.

De potentiels nouveaux traitements contre le cancer ou les troubles génétiques

S’il faudra "des années de tests supplémentaires" avant que ce vaccin puisse être approuvé pour les humains, c’est un "début prometteur", assurent-ils. La technologie de l’ARN auto-réplicatif (ou auto-amplificateur) pourrait ouvrir la voie à d’autres types de traitements et de thérapie génique car "il s'agit, en fin de compte, d'un système de production de protéines, un système de livraison de gènes".

En cas de trouble génétique, par exemple, le saRNA pourrait être programmé pour fabriquer un gène manquant ou remplacer un gène défectueux. Ou encore, pour traiter les cancers du poumon et du sein, entre autres, "nous pourrions lui faire produire un médicament anticancéreux qui nécessite une dose élevée et beaucoup de protéines", prédisent les auteurs du projet. "Nous sommes vraiment enthousiastes parce que nous pourrions réduire les doses nécessaires et quand même assurer certains de ces soins. C'est ainsi que nous l'imaginons."