- Aux États-Unis, les chauves-souris décèdent massivement à cause d’un champignon, responsable du syndrome du nez blanc.
- La baisse de leur population entraîne une augmentation de l’usage des pesticides.
- Cela provoque une hausse des décès infantiles.
Les chauves-souris sont souvent mal aimées, pourtant, elles sont essentielles à notre santé. Une étude, parue dans la revue Science, montre que le décès massif des chauves-souris a provoqué la mort de plus de 1.300 nouveaux-nés aux États-Unis. Ces mammifères sont considérés comme des pesticides naturels compte tenu de leur consommation d’insectes. Le déclin de leur population a conduit à une hausse de l’usage des pesticides, responsable de ces décès infantiles.
Pesticides : des chauves-souris décédées à cause du syndrome du nez blanc
Depuis 2006, de nombreuses populations de chauves-souris se sont effondrées en Amérique du Nord en raison d'un champignon invasif, qui provoque le syndrome du nez blanc. Le taux de mortalité de cette pathologie peut atteindre plus de 90 %. Dirigée par Eyal Frank, professeur adjoint à la Harris School of Public Policy, à Chicago, cette recherche a observé les effets des décès de chauves souris, à cause de cette maladie, sur l’usage des pesticides dans différents Etats. Il a comparé ces différentes données avec celles d’Etats non-touchés par le syndrome et la mortalité des animaux.
L’auteur a constaté que lorsque les populations de chauves-souris ont diminué, les agriculteurs ont accru leur utilisation de pesticides d'environ 31 %. "Lorsque les agriculteurs ont augmenté leur utilisation de pesticides, le taux de mortalité infantile - un marqueur commun pour étudier les impacts sur la santé de la pollution de l'environnement - a augmenté de près de 8 %", note-t-il. Cela correspond à plus de 1.334 décès supplémentaires. "Pour chaque augmentation de 1 % de l’utilisation des pesticides, il y a eu une augmentation de 0,25 % du taux de mortalité infantile", complète le chercheur.
Décès massifs des chauves-souris : des conséquences sur l’agriculture
Il a également remarqué que le remplacement des chauves-souris par des insecticides avait des effets délétères sur les cultures. "La qualité des cultures a probablement diminué, car les revenus des agriculteurs provenant des ventes de cultures ont diminué de près de 29 %, prévient-il. En combinant cette perte de revenus avec les frais des pesticides, les agriculteurs qui ont subi la mort de la chauve-souris ont perdu 26,9 milliards de dollars entre 2006 et 2017." Or il explique que préserver les populations de chauves-souris coûterait moins cher. "Plus largement, cette étude montre que la faune ajoute de la valeur à la société, et nous devons mieux comprendre cette valeur afin d'informer les politiques pour les protéger", conclut-il. Comme il le rappelle, le déclin de ces mammifères est "nocif pour l’humain", mieux les protéger permettrait de préserver notre santé.