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Oncologie

Cancer du sein : une étude met en évidence l’efficacité des radiothérapies plus courtes

Par Geneviève Andrianaly

Bien que les taux de survie et les risques de récidive soient similaires, l'administration de doses plus élevées de radiothérapie à court terme est plus sûre, plus pratique pour les patientes et moins coûteuse.

Povozniuk/iStock
La radiothérapie hypofractionnée modérée délivre une dose totale d'environ 50 Gray (Gy) en 13 à 16 fractions de 2,65-3,3 Gy sur 3 à 5 semaines, soit moins longtemps que la thérapie conventionnelle.
Cette dernière diminue le risque de dermatite aiguë d'irradiation, d’hyperpigmentation et de rétrécissement du sein.
L'hypofractionnement modéré, qui est aussi efficace que la radiothérapie conventionnelle, améliore l'aspect esthétique et de la qualité de vie des patientes.

Chirurgie, hormonothérapie, chimiothérapie… Pour prendre en charge le cancer du sein, il existe plusieurs traitements. Dans la liste, on retrouve aussi la radiothérapie qui permet de détruire les cellules cancéreuses en bloquant leur capacité à se multiplier. Pour rappel, la radiothérapie conventionnelle par fractionnement (c’est-à-dire la distribution en plusieurs séances de la dose de rayons ou radiations à délivrer) est indiquée pour la plupart des patientes depuis les années 1970. Elle délivre généralement une dose totale d'environ 50 Gray (Gy) en 25 à 28 fractions de 1,8 à 2 Gy sur une période de 5 à 6 semaines. Cependant, une nouvelle étude montre que le traitement par radiothérapie sur une période de trois semaines au lieu de cinq donne des résultats aussi efficaces.

Cancer du sein : moins de risques de dermatite aiguë d'irradiation grâce à la radiothérapie hypofractionnée modérée

Afin de parvenir à cette conclusion, une équipe internationale de chercheurs a voulu fournir une évaluation complète des différents schémas de fractionnement dans la radiothérapie du cancer du sein, en mettant l'accent sur les effets secondaires (notamment l'hyperpigmentation et le rétrécissement du sein), les conséquences esthétiques, la qualité de vie, les risques de récidive et les résultats en termes de survie. Dans le cadre des travaux, parus dans la revue The BMJ, les scientifiques ont utilisé les bases de données scientifiques afin d'identifier les essais contrôlés randomisés publiés jusqu'au 23 octobre 2023 qui comparaient le fractionnement conventionnel, l'hypofractionnement modéré (13 à 16 fractions de 2,65-3,3 Gy sur 3-5 semaines) et l'ultra-hypofractionnement (calendrier de seulement 5 fractions).

Sur 1.754 cohortes, 35 recherches menées entre 1986 et 2023 et portant sur 20.237 patientes ayant subi une thérapie conservatrice du sein ou une mastectomie ont été évaluées. Les résultats ont révélé que l'hypofractionnement modéré réduisait le risque de dermatite aiguë d'irradiation de 46 % chez les patientes ayant subi un traitement conservateur du sein et de 32 % chez les patientes ayant subi une mastectomie, par rapport au fractionnement conventionnel. D’après les auteurs, l’hyperpigmentation et le rétrécissement du sein étaient également moins fréquents après des séances de radiothérapies plus puissantes et moins nombreuses.

"Les protocoles d'irradiation plus courts devraient maintenant être considérés comme l'approche standard"

La radiothérapie hypofractionnée modérée a aussi été associée à une amélioration de l'aspect esthétique et de la qualité de vie des femmes par rapport au fractionnement conventionnel. "Les données relatives à l'ultra-hypofractionnement sont moins concluantes, mais sa sécurité et son efficacité semblent être similaires jusqu'à la fin de l'année", a précisé l’équipe. Quant aux taux de survie et aux risques de récidive, les données étaient similaires entre l'ultra-hypofractionnement, l'hypofractionnement modéré et le fractionnement conventionnel.

"Compte tenu des avantages de la réduction de la durée du traitement et des effets secondaires, de l'amélioration de la commodité pour les patients et du rapport coût-efficacité potentiel, les protocoles d'irradiation plus courts devraient maintenant être considérés comme l'approche standard, tandis que les schémas plus longs (25 fractions ou plus) devraient être réservés à des cas très sélectionnés. D'autres recherches et un suivi plus long sont nécessaires pour déterminer définitivement l'utilisation optimale de la thérapie hypofractionnée et pour consolider ces résultats", peut-on lire dans les conclusions.