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"Déconnexion sociale"

Hypertension, diabète, obésité : la solitude réellement en cause ? Une étude met le doute

Par Geneviève Andrianaly

Les données observationnelles et génétiques ne concordent pas sur l’association entre la solitude et le risque de maladies multiples, selon une nouvelle étude.

Yaraslau Saulevich/iStock
En analysant les données des patients provenant de sources multiples, des chercheurs chinois ont découvert que de nombreuses maladies que l'on pensait imputables à la solitude étaient plutôt dues à d'autres causes.
"Les facteurs socioéconomiques, les comportements de santé, les symptômes dépressifs initiaux et les comorbidités expliquaient en grande partie les liens entre la solitude et les maladies", selon les auteurs.
Des études supplémentaires sont nécessaires pour identifier les troubles réellement liés à la solitude ou à l'isolement social.

"La solitude, l’expérience subjective de la déconnexion sociale, est désormais largement considérée comme un facteur de risque pour la santé", ont indiqué des chercheurs des universités Sun Yat-Sen et de Guangdong (Chine). En effet, de précédents travaux ont montré qu'il existait un lien entre la solitude et certains troubles mentaux, tels que la dépression, l'anxiété et l'insomnie. D'autres cohortes ont suggéré que ce lien allait encore plus loin, provoquant des problèmes non liés à la santé mentale, tels que l'hypertension artérielle, des troubles digestifs et même une mort prématurée.

Se sentir seul augmente le risque de développer 30 des 56 maladies présélectionnées

"Cependant, la question de savoir si les liens entre la solitude et les maladies multiples sont cohérentes avec les effets causaux reste largement inexplorée", ont indiqué des chercheurs des universités Sun Yat-Sen et de Guangdong (Chine). C’est pourquoi ils ont réalisé une étude, publiée dans la revue Nature Human Behaviour, pour évaluer la possibilité que la solitude soit la cause de problèmes de santé non mentaux. Dans le cadre des recherches, les scientifiques chinois ont examiné des données comportementales, génétiques et d’hospitalisation des centaines de milliers de patients aux États-Unis, en Chine et au Royaume-Uni. Les informations en question proviennent de la UK Biobank. Au cours d’un suivi de 12,2 ans, la solitude était associée à des risques plus élevés de développer 30 des 56 maladies présélectionnées.

Les maladies surviennent conjointement avec la solitude

Les auteurs ont ensuite effectué une analyse statistique sur 26 des 30 pathologies, uniquement sur les patients dont les données génétiques étaient disponibles. "Des associations non causales ont été identifiées entre la prédisposition génétique à la solitude et 20 des 26 affections spécifiques, dont les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, l'obésité, les maladies hépatiques chroniques, les maladies rénales chroniques, la plupart des maladies neurologiques et les autres pathologies courantes", peut-on lire dans les travaux.

Selon l’équipe, de nombreuses maladies que l’on pensait causées ou aggravées par la solitude étaient en fait dues à d’autres causes. Plus précisément, la plupart d’entre elles se produisaient en conjonction avec la solitude, et non à cause d’elle. "Les facteurs socioéconomiques, les comportements de santé, les symptômes dépressifs initiaux et les comorbidités expliquaient en grande partie les liens entre la solitude et les maladies", ont précisé les chercheurs.

Dans les conclusions de l’étude, ils suggèrent que des recherches supplémentaires doivent être menées pour identifier les troubles réellement liés à la solitude ou à l'isolement social et ceux qui ne sont que fortuits.