L’anémie, une baisse anormale du taux d’hémoglobine dans le sang, est une cause fréquente de mauvaise santé ou de décès chez les mères et leurs bébés. Problème : "son traitement prescrit par voie orale pendant la grossesse est souvent mal toléré (diarrhées, nausées, vomissements) et mal suivi", selon des chercheurs de l’université de Lagos (Nigeria). C’est pourquoi, dans une nouvelle étude, ils ont voulu examiner l'efficacité et la sécurité d’un médicament, appelé carboxymaltose ferrique, qui est administré par voie intraveineuse par rapport au sulfate de fer pris oralement sur l'anémie et la carence en fer chez les patientes.
1.056 femmes enceintes ont reçu une dose de fer par voie intraveineuse ou orale
Pour cela, l’équipe a recruté 1.056 femmes, âgées de 15 à 49 ans, enceintes de cinq à sept mois et demi et souffrant d'anémie avec un taux d'hémoglobine inférieur à 10 g/dl. Les participantes ont été divisées en deux groupes. La moitié des volontaires ont été traitées avec une dose de fer (20 mg/kg jusqu'à un maximum de 1.000 mg) administrée en goutte-à-goutte par voie intraveineuse, tandis que l'autre moitié a pris des comprimés de fer (200 mg) trois fois par jour jusqu'à l'accouchement. Les concentrations d’hémoglobine et de fer ont été mesurées à 36 semaines de grossesse et six semaines après l’accouchement. En outre, les patientes ont été soumises à un dépistage de la dépression à des moments précis. Du sang a aussi été prélevé sur le cordon ombilical de l'enfant au moment de l'accouchement afin de savoir si le médicament avait une incidence sur le taux de phosphate de l'enfant.
Grossesse : le carboxymaltose ferrique est plus rapide et plus efficace pour traiter l'anémie
Les résultats, publiés dans la revue The Lancet Global Health, montrent qu'une seule dose de carboxymaltose ferrique administrée par goutte à goutte dans les veines pendant la grossesse entraînait une hausse plus rapide de la concentration sanguine après quatre semaines que les comprimés de fer pris par voie orale trois fois par jour. Le fer administré par voie intraveineuse permet également de mieux lutter contre le manque de fer dans l'organisme que le sulfate de fer. Les effets secondaires du carboxymaltose ferrique sont comparables à ceux des comprimés, sans effet indésirable sur les bébés. Plus précisément, les réactions les plus fréquentes étaient la diarrhée et les vomissements dans le groupe ayant pris du fer oralement. Dans l’autre groupe, il s’agissait de la fatigue et les maux de tête.
"Ces données sont rassurantes, car les patientes rejettent souvent les nouveaux médicaments par crainte d'effets néfastes sur leur bébé. Nous avons maintenant la preuve que l'utilisation du carboxymaltose ferrique dans les régions où de nombreuses femmes enceintes souffrent d'anémie, comme en Afrique, constituera une étape importante vers la réduction de la proportion de femmes enceintes qui souffrent de ce trouble et de ses complications", a conclu Ochuwa A. Babah, auteur des travaux.