"Les chiffres, c'est-à-dire les expressions sémantiques des nombres, nous permettent d'avoir une représentation exacte de la quantité de choses. Le traitement visuel des chiffres joue un rôle indispensable dans la reconnaissance et l'interprétation des nombres." C’est ce qu’ont écrit des scientifiques de l'Institut national des sciences physiologiques (Japon) dans des travaux publiés dans la revue Journal of Vision. Dans le cadre de ces travaux, ils ont analysé la façon dont les informations visuelles des chiffres sont traitées pour parvenir à une compréhension sémantique.
Phénomène perceptif bistable : une occultation partielle provoque des ambiguïtés visuelles
Afin de mener à bien l’étude, les auteurs ont recruté des adultes en bonne santé et réalisé une expérience comportementale en utilisant des tâches d'adaptation visuelle. "Ce paradigme de tâches a permis d'examiner comment l'exposition à des types spécifiques d'entrées visuelles biaisait la perception." Pour l’intervention, l’équipe a conçu un caractère spécial, appelé chiffre numérique occulté. L’expérience montre que l'occlusion partielle de certains chiffres numériques introduit des interprétations bistables. En clair, un chiffre numérique peut être reconnu comme ayant plusieurs significations sémantiques, généralement deux. Cela se produit, car "l'entrée visuelle ne contient pas suffisamment d'informations pour nous permettre de faire une interprétation sémantique unique du caractère numérique occulté", a expliqué Junxiang Luo, auteur principal des recherches.
"L'adaptation visuelle réduit sélectivement la sensibilité neuronale"
Ensuite, en utilisant la méthode d'adaptation visuelle, l’équipe a étudié l'origine de cette bistabilité chez des participants. Elle a constaté qu'après une présentation prolongée de chiffres numériques normaux au système visuel, les volontaires avaient tendance à déclarer qu'ils voyaient un chiffre unique biaisé par rapport au chiffre d'adaptation. "L'adaptation visuelle réduit sélectivement la sensibilité neuronale d'un certain stade de traitement visuel à une certaine catégorie de stimuli visuels. (…) Nous espérons étendre cette étude en utilisant des méthodes physiologiques afin de mieux comprendre et de localiser plus précisément les zones du cerveau qui génèrent la bistabilité perceptive", a précisé le chercheur.