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Ophtalmologie

Cataracte : une étude menée sur des écureuils révèle une nouvelle stratégie pour la traiter

Par Geneviève Andrianaly

Des scientifiques chinois ont identifié une protéine, RNF114, qui inverse le phénomène de la cataracte, à savoir une opacification du cristallin principalement liée au vieillissement.

seb_ra/iStock
D’après une étude menée sur des écureuils, leurs lentilles se troublent à environ 4 degrés Celsius, mais devenaient rapidement transparentes après avoir été réchauffées.
Cela serait lié à une hausse de la protéine, appelée RNF114 qui facilite la dégradation des vieilles protéines, lorsque les températures augmentent.
Après avoir mis des lentilles à 4 degrés Celsius à des rats atteints de cataractes induites par le froid, les chercheurs ont réussi à réduire l'opacité du cristallin chez les animaux.

Vision voilée, jaunissement des couleurs, mauvaise perception des contrastes et des reliefs… Chez les personnes, en général vieillissantes, atteintes de la cataracte, le cristallin de l'œil devient trouble, ce qui altère la vision et est responsable d’une diminution de la qualité de vie. Selon l’Assurance Maladie, lorsque cette maladie évolue et n'est pas traitée chirurgicalement, elle entraîne une baisse progressive et irréversible de la vision. Problème : "le manque d'accès à la chirurgie est un obstacle aux soins dans certaines parties du monde, ce qui fait de la cataracte non traitée l'une des principales causes de cécité dans le monde", a signalé Xingchao Shentu, chirurgien et professeur à l'université de Zhejiang (Chine).

Chez les écureuils, la cataracte développée à de basses températures est réversible

Dans une nouvelle étude, le chercheur et son équipe ont ainsi décidé de chercher une alternative à la chirurgie de la cataracte. Pour les besoins des travaux, publiés dans la revue Journal of Clinical Investigation, ils ont étudié un mammifère hibernant, l'écureuil terrestre à 13 lignes, et des rats. Chez les écureuils, les cellules photoréceptrices sensibles à la lumière dans la rétine sont principalement des cônes, ce qui permet d’examiner les propriétés liées aux cônes, telles que la vision des couleurs. En outre, leur capacité à résister à des mois de froid et de stress métabolique pendant l'hibernation aident les spécialistes à analyser toute une série de maladies oculaires.

Les scientifiques ont appris que pendant l'hibernation, les lentilles des écureuils terrestres se troublaient à environ 4 degrés Celsius, mais qu'elles devenaient rapidement transparentes après avoir été réchauffées. En comparaison, les animaux non hibernants, comme les rats, développent des cataractes à basse température, qui ne disparaissent pas avec le réchauffement. "La formation de cataractes chez les écureuils exposés à de basses températures est probablement une réponse cellulaire au stress du froid et constitue l'un des nombreux changements que subit leur organisme lorsque leurs tissus s'adaptent aux températures glaciales et au stress métabolique. Les êtres humains ne développent pas de cataracte lorsqu'ils sont exposés à de basses températures", ont expliqué les auteurs.

Cataracte : la protéine RNF114 augmente en nombre lorsque les températures sont élevées

Afin d’étudier les cataractes réversibles de l'écureuil terrestre au niveau moléculaire, les chercheurs ont mis au point un modèle de lentille en laboratoire, utilisant des cellules souches créées à partir de cellules d'écureuil terrestre. Ils ont identifié une protéine, appelée RNF114. Selon leurs observations, cette dernière était significativement plus élevée pendant le réchauffement chez les écureuils terrestre que chez les rats. Les résultats ont montré que RNF114 aidaient à identifier les vieilles protéines et facilite leur dégradation.

Ensuite, l’équipe a à nouveau mené une expérience sur des rats en incubant ses lentilles à 4 degrés Celsius. Normalement, ces cataractes ne se résorbent pas avec le réchauffement. Cependant, lorsque les lentilles ont été prétraitées avec la protéine RNF114, la cataracte s'est rapidement résorbée lors du réchauffement. Dans les conclusions, les auteurs indiquent que ces résultats constituent une preuve de principe qu'il est possible d'induire la disparition de la cataracte chez les animaux. "Dans de futures recherches, le processus devra être affiné afin que l’on puisse stimuler la dégradation de protéines spécifiques pour voir comment réguler précisément la stabilité et le renouvellement des protéines. Ce mécanisme est également un facteur important dans de nombreuses maladies neurodégénératives."