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Neurologie

Obésité, diabète : les cellules cérébrales "collantes" peuvent inciter à manger davantage

Par Geneviève Andrianaly

Des chercheurs australiens ont découvert que, chez les patients obèses ou diabétiques, les neurones sont piégés dans une substance dense, semblable à de la colle, ce qui affecte leur capacité à contrôler le poids et la faim.

Svisio/iStock
Dans les maladies métaboliques, la matrice extracellulaire entourant les cellules du noyau arqué de l'hypothalamus augmente et est remodelée, ce qui entraîne une résistance à l'insuline et un dysfonctionnement métabolique.
La perturbation de la neurofibrose chez les souris obèses, par voie enzymatique ou avec de petites molécules, améliore l'accès de l'insuline au cerveau, inversant la résistance neuronale à l'insuline et améliorant la santé métabolique.
Les inhibiteurs de neurofibrose "ouvrent une nouvelle voie thérapeutique en ciblant de nouveaux mécanismes pathologiques et en s'attaquant à des aspects de la maladie qui n'étaient pas traitables auparavant."

"Les maladies métaboliques, telles que l'obésité et le diabète de type 2, sont marquées par une résistance à l'insuline. Les cellules du noyau arqué de l'hypothalamus, qui jouent un rôle crucial dans la régulation du métabolisme, deviennent résistantes à l'insuline au cours de la progression de la maladie métabolique, ce qui peut entraîner des lésions organiques et des problèmes cardiaques. Cependant, les mécanismes ne sont pas entièrement compris." C’est ce qu’ont écrit des scientifiques de l’université de Melbourne (Australie) dans une étude publiée dans la revue Nature.

Obésité, diabète : "la fibrose est généralement irréversible"

Dans le cadre de ces recherches, ces derniers ont étudié le rôle de la matrice extracellulaire (MEC), une substance dense, semblable à de la colle, qui entoure les cellules du noyau arqué de l'hypothalamus. Il s’agit d’un réseau complexe de sucres et de protéines. La matrice extracellulaire ne fournit pas seulement un soutien structurel, elle joue également un rôle essentiel dans la régulation de l'interaction de nos cellules. "Dans des conditions, telles que l'obésité et le diabète, nous savons que la MEC autour des cellules hépatiques et adipeuses devient plus épaisse et dysfonctionnelle. Ce processus, appelé fibrose, est généralement irréversible."

Pour les besoins des travaux, l’équipe a examiné les circuits neuronaux au niveau cellulaire et moléculaire chez des souris obèses et résistantes à l'insuline, car les rongeurs développent des maladies métaboliques d'une manière remarquablement similaire à celle des êtres humains. Elle a aussi mis au point des inhibiteurs de neurofibrose (à savoir l’épaississement de la MEC autour des neurones régissant l’appétit, le poids corporel et la régulation du glucose) qui ciblent la matrice extracellulaire du cerveau.

Les inhibiteurs de neurofibrose permettent de traiter "la résistance neuronale à l'insuline"

Les résultats ont montré que lorsque ces neurones sont encapsulés dans la matrice, cela les empêche de fonctionner correctement, ce qui affecte leur capacité à contrôler le poids corporel, la faim et les niveaux de sucre dans le sang. Selon les auteurs, les inhibiteurs de neurofibrose pouvaient rétablir la signalisation de l'insuline et vaincre la résistance à l'insuline, ce qui améliore la santé métabolique. "Ils représentent donc une avancée significative dans le traitement de la résistance neuronale à l'insuline essentielle des maladies métaboliques. Ils ouvrent une nouvelle voie thérapeutique en ciblant de nouveaux mécanismes pathologiques et en s'attaquant à des aspects de la maladie qui n'étaient pas traitables auparavant", ont conclu les scientifiques.