Le manque de motivation est une composante essentielle de la dépression et est depuis longtemps lié à de mauvais résultats thérapeutiques, à une diminution de la qualité de vie et à un risque accru de suicide. De plus en plus de preuves suggèrent qu'une cause potentielle de cette faible motivation pourrait être "l'inflammation chronique de faible intensité", qui supprime l'activité dans les circuits clés du cerveau.
42 patients dépressifs ont reçu une dose d’infliximab ou un placebo
Des chercheurs de l’université Emory (États-Unis) ont ainsi voulu les effets de l'infliximab sur les marqueurs comportementaux et cérébraux de la motivation chez les adultes dépressifs. Ce médicament est un antagoniste du facteur de nécrose tumorale, une molécule inflammatoire, indiqué en cas de polyarthrite rhumatoïde et d'autres maladies inflammatoires. Dans le cadre d’une étude, l’équipe a recruté 42 personnes souffrant de dépression médicalement stable et présentant des signes d'inflammation élevée (mesurée par une protéine C-réactive (CRP) supérieure à 3 mg/L).
Lors d’une intervention, les participants ont été divisés en deux groupes. Le premier a bénéficié d’une dose de 5 mg/kg d’infliximab. Le reste des volontaires a reçu un placebo. Durant deux semaines, les auteurs ont évalué les changements de motivation des patients à l'aide de diverses méthodes, comme une tâche de prise de décision basée sur l'effort, des questionnaires d'auto-évaluation et une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour observer l'activité cérébrale.
Dépression : "les anti-inflammatoires sont prometteurs pour traiter" le manque de motivation
Les résultats, parus dans la revue Molecular Psychiatry, ont montré que les personnes dépressives ayant pris de l’infliximab étaient plus disposées à fournir des efforts pour obtenir des récompenses que celles ayant reçu le placebo. Cela était associé à une signalisation du facteur de nécrose tumorale réduite. De plus, ces changements se sont traduits par des altérations de l'activité cérébrale dans des régions clés associées à la motivation, telles que le cortex préfrontal dorsomédian, le striatum ventral et le putamen, ainsi que la connectivité fonctionnelle entre ces zones.
"Cette recherche s’appuie sur des preuves croissantes selon lesquelles les traitements anti-inflammatoires sont prometteurs en tant qu'approche novatrice pour traiter les déficits motivationnels dans la dépression. En ciblant l’inflammation, nous nous attaquons non seulement aux causes biologiques de ces déficits, mais nous offrons également un nouvel espoir pour des options de traitement plus efficaces", a conclu Andrew Miller, auteur principal des travaux.