- Dans une étude canadienne, 6.440 des 189.808 séjours hospitaliers se sont terminés par une sortie avant l’avis médical.
- Les patients concernés étaient plus susceptibles d'être des hommes plus jeunes avec une maladie psychiatrique, un trouble de la toxicomanie ou des antécédents de consommation de drogues illicites.
- Les taux d'overdose étaient 10 fois plus élevés après une sortie "à l'initiative du patient" ou "contre avis médical" qu'après une sortie conseillée par un médecin.
Un nombre important d'admissions à l'hôpital se terminent par un départ à l'initiative du patient avant la fin du traitement médical, selon des chercheurs de l'université de Colombie-Britannique à Vancouver (Canada). Cela peut arriver pour différentes raisons : une douleur mal traitée, un stress qui accentue les problèmes psychiatriques, des conflits avec le personnel hospitalier et des restrictions en matière de déplacements ou de visites. "Depuis longtemps, les médecins et les infirmières de première ligne se demandent si la sortie avant avis médical augmente le risque d'overdose", a déclaré John Staples, professeur canadien.
820 overdoses survenues dans le mois suivant la sortie de l’hôpital avant l’avis médical
Dans une étude, le chercheur et son équipe se sont ainsi penchés sur la question. Pour mener à bien les recherches, ces derniers ont examiné les données de 189.808 admissions à l'hôpital. Ils se sont concentrés sur des séjours hospitaliers non sélectifs et non obstétricaux survenus entre 2015 et 2019 au Canada. Ensuite, les scientifiques ont comparé le taux de surdose de drogues illicites mortelles ou non mortelles dans les 30 premiers jours après la sortie de l’établissement de santé avant l’avis médical, c’est-à-dire "à l'initiative du patient" ou "contre avis médical", par rapport au taux après la sortie conseillée par le médecin.
Dans l’ensemble, 6.440 (3,4%) des hospitalisations se sont terminées après que les adultes aient demandé de quitter l'hôpital avant l’avis médical ou l’ont fait sans l’avis favorable d’un professionnel de santé. Selon les travaux, publiés dans la revue Canadian Medical Association Journal, parmi les 820 overdoses survenues dans le mois suivant, 755 concernaient des hommes plus jeunes avec une maladie psychiatrique, des patients souffrant d’un trouble de la toxicomanie ou ayant des antécédents de consommation de drogues illicites.
Overdose : 10 fois plus de risques après avoir quitté l’hôpital prématurément ou contre l’avis médical
Les résultats ont montré que le taux d'overdose de drogues mortelles ou non mortelles dans les 30 jours suivant la sortie de l'hôpital était 10 fois plus élevé après une sortie sans avis médical qu'après une sortie conseillée par un médecin, et ce même après la prise en compte des autres facteurs de risque de surdose. En outre, le fait de sortir de l’hôpital avant l’avis médical était aussi lié à une hausse des futures visites aux urgences et des réadmissions.
"Pour les personnes souffrant de troubles liés à l'utilisation de substances, un long séjour à l'hôpital peut parfois constituer une période d'abstinence, réduisant potentiellement la tolérance aux opioïdes et interrompant l'accès aux traitements (de la toxicomanie). Une fois que ces patients ont quitté l'hôpital, la douleur persistante et la dépendance non traitée peuvent entraîner une consommation de drogues plus importante que d'habitude. Tous ces facteurs peuvent augmenter le risque d'overdose", a expliqué John Staples, qui a dirigé l’étude.
"Des protocoles pour prévenir les sorties et diminuer le risque d'overdose"
Dans les conclusions, les auteurs soulignent que les patients demandant une sortie avant l’avis médical, en particulier ceux qui ont des antécédents de troubles liés à l'utilisation de substances, devraient bénéficier d'un soutien clinique et social urgent afin de réduire les dommages liés à l’overdose. "Les hôpitaux et les systèmes de santé devraient élaborer des protocoles fondés sur des données probantes pour prévenir les sorties avant l’avis médical et explorer de nouveaux moyens de sensibilisation après le départ pour diminuer le risque d'overdose après la sortie de l'hôpital."