Service médical rendu insuffisant, prescriptions abusives, consommation excessive, déremboursements, les médicaments sont à la fois la cible de toutes les critiques et l’illustration de décisions prises à la hâte pour renflouer les caisses de la sécurité sociale. D’un côté, des scandales, de l’autre, des effets de manche en guise de politique de santé.
Dans Libération ce matin, Eric Favereau rapporte la petite histoire des anti-arthrosiques d’action lente (AASAL) pour illustrer les incohérences d’un système. « Ces jours-ci, explique le journaliste, le ministère de la Santé doit décider ou non du non-remboursement » de cette classe de médicaments.
10 millions de Français souffrent d’arthrose de la hanche ou du genou, dont 1,5 million sont traités par des AASAL. C’est même le premier motif de consultation chez le généraliste, précise le quotidien.
Remboursés à 15 %, ces anti-arthrosiques ne sont pas des molécules miracles, mais ils soulagent les douleurs des patients et évitent le recours à des médicaments plus puissants, des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), « plus forts, plus chers et plus dangereux », rappelle le journal. Ces AINS sont pris en charge à 65 % par l’assurance maladie.
« Le déremboursement des AASAL va inévitablement entraîner une augmentation de la prescription d’AINS », estime le Pr Bernard Bégaud, pharmacologue à Bordeaux et auteur d’une étude portant sur 3 000 patients.
Les consommateurs des AASAL sont, la plupart du temps, des personnes âgées aux faibles revenus. Dérembourser leur traitement, c’est encourager de facto le report de prescription vers les AINS. « Loin de permettre une économie de 26 millions d’euros, le déremboursement des AASAL va générer un coût supplémentaire pour l’assurance maladie », confie l’Association française de lutte antirhumatismale (Aflar) au journaliste. Et augmenter le risque médicamenteux chez des personnes fragiles, souvent victimes des surprescriptions de gélules et pilules en tous genres.