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Santé des femmes

Lupus, MICI, diabète : l'insuffisance ovarienne prématurée accroît le risque de maladies auto-immunes

Par Sophie Raffin

Les maladies auto-immunes graves comme le diabète de type I ou encore le lupus sont deux à trois fois plus fréquentes chez les femmes qui ont reçu un diagnostic de ménopause précoce.

Menshalena/istock
L'insuffisance ovarienne prématurée se produit lorsque les ovaires ne fonctionnent plus correctement et ont cessé de produire des ovules chez les femmes de moins de 40 ans.
Les maladies auto-immunes graves telles que le diabète de type I, la maladie d'Addison, le lupus et les maladies inflammatoires de l'intestin sont deux à trois fois plus fréquentes chez les femmes qui ont reçu un diagnostic d'IOP, selon une nouvelle étude.
Les mécanismes de cette association ne sont pas encore connus.

L’insuffisance ovarienne prématurée (IOP) est diagnostiquée quand les ovaires ne libèrent pas régulièrement d'ovules et ne produisent pas suffisamment d'hormones alors que la patiente à moins de 40 ans. Ce trouble est rare : on estime qu’il concerne une femme sur 100 ans à 40 ans, 1 sur 1.000 à 30 ans et 1 sur 10.000 avant l’âge de 20 ans.

L’infertilité ne serait pas le seul risque de ce trouble. Une étude, publiée dans la revue Human Reproduction le 26 septembre 2024 montre que les femmes qui en sont atteintes ont un plus grand risque de développer des maladies auto-immunes graves comme le diabète de type I, la maladie d'Addison, le lupus et les maladies inflammatoires de l'intestin.

Un lien fort entre ménopause précoce et maladie auto-immune

Pour ces travaux, les chercheurs de l'Université d'Oulu (Finlande) ont repris les données du registre de remboursement des médicaments tenu par l'institution d'assurance sociale finlandaise. Ils ont identifié 3.972 femmes qui avaient obtenu le droit à un remboursement intégral pour traitement hormonal substitutif (THS) en raison d'un diagnostic de ménopause précoce entre 1988 et 2017. Ils ont comparé ensuite leurs dossiers avec ceux de Finlandaises du même âge ne souffrant pas de ce trouble.

Ils ont constaté que les femmes étaient 2,6 fois plus susceptibles d'avoir une maladie auto-immune avant un diagnostic d'IOP par rapport au groupe témoin. 

"Les estimations de la prévalence de l'insuffisance ovarienne prématurée d'origine auto-immune ont été de 4 % à 50 %. Notre étude a révélé que les maladies auto-immunes étaient deux à trois fois plus fréquentes chez les femmes avec une IOP au moment où elles ont été diagnostiquées. L'incidence de ces maladies était deux à trois fois plus élevée au cours des premières années suivant le diagnostic d’IOP par rapport à un groupe témoin. L'incidence était plus élevée que dans le groupe témoin, même plus d'une décennie après avoir reçu un diagnostic d'IOP", ajoute la gynécologue Dr Susanna Savukoski qui a dirigé la recherche.

"Il convient de noter que le risque n'est pas le même pour toutes les maladies auto-immunes : l'association entre l'IOP et certaines conditions auto-immunes, telles que les polyendocrinopathies auto-immunes, la maladie d'Addison et la vascularite était très forte – un risque de dix à 26 fois supérieur pour les femmes atteintes d'IOP précédant leur diagnostic par rapport au groupe témoin – tandis que le risque de polyarthrite rhumatoïde ou d'hyperthyroïdie était environ deux fois plus élevé", précise l’experte.

IOP et maladies auto-immunes : les professionnels doivent surveiller

Pour la scientifique, les résultats de l'étude montrent une association forte entre l'insuffisance ovarienne prématurée et les maladies auto-immunes graves. Ils révèlent également que les femmes atteintes de ménopause précoce présentent un risque à long terme de maladies auto-immunes.

Elle ajoute toutefois dans son communiqué : "Il est important de souligner que la plupart des femmes atteintes d’IOP ne développent pas de maladies auto-immunes graves et que la plupart de celles atteintes de maladies auto-immunes graves ne développent pas d’IOP. Cependant, les professionnels de la santé doivent être conscients du risque accru, et les patientes devraient aussi en être informées."

La spécialiste et son équipe précisent que les mécanismes sous-jacents de l’association mise en lumière ne sont pas entièrement compris. De nouvelles recherches devront être menées pour tenter de les percer.