16 millions. C’est le nombre de Français ayant pris des inhibiteurs de pompes à protons (IPP) en 2019. Ces médicaments sont utilisés pour réduire la sécrétion d'acide gastrique. Ils sont indiqués dans la prise en charge du reflux gastro-œsophagien (RGO) et des ulcères gastro-duodénaux. "Ces traitements sont largement utilisés chez les patients atteints de cancer, malgré l'accumulation de données montrant qu'ils peuvent avoir un impact sur l'efficacité des principaux médicaments anticancéreux", ont indiqué un chercheur de Institut de Cancérologie de l’Ouest à Saint-Herblain et un autre travaillant à l’université de Washington.
Dans une récente étude, les scientifiques ont mis en garde contre la co-administration des inhibiteurs de la pompe à protons et de certains traitements anticancéreux, qui peut avoir des effets sur la survie des patients. Les thérapies contre le cancer en question sont : les inhibiteurs de la tyrosine kinase (ITK), qui sont prescrits pour traiter des cancers du poumon ou des sarcomes, et les inhibiteurs du point de contrôle immunitaire utilisés en immunothérapie.
L’efficacité des traitements anticancéreux diminue à cause des inhibiteurs de la pompe à protons
Selon Jean-Luc Raoul, oncologue digestif et auteur des travaux, "prendre des inhibiteurs de la pompe à protons avec un certain nombre d’anticancéreux, c’est un problème, puisqu’on va diminuer nettement l’efficacité de ces derniers." En effet, dans les travaux, les chercheurs indiquent qu’en réduisant l’acidité gastrique, les IPP diminuent le bénéfice de survie de certains inhibiteurs de la tyrosine kinase (erlotinib, gefitinib et pazopanib), qui en ont besoin pour leur absorption. En outre, les liens entre le microbiote, le système immunitaire et l’efficacité de l’immunothérapie sont "désormais évidentes", tout comme les modifications de la flore intestinale après l’utilisation d’IPP.
"De nombreux articles rétrospectifs, y compris des articles basés sur des données individuelles issues d’études randomisées, ont démontré que les patients traités par inhibiteurs du point de contrôle immunitaire ont un moins bon résultat (survie globale, survie sans progression et taux de réponse) lorsqu’ils recevaient des IPP de manière concomitante, alors qu’il n’y avait pas d’impact d’une telle co-prescription chez les patients des groupes témoins, non traités par immunothérapie", peut-on lire dans les recherches parues dans la revue Cancer Treatment Reviews.
Cancer : utiliser des "antiacides ou des bloqueurs H2" au lieu des IPP
Dans les conclusions, les auteurs soulignent l’importance de prendre de bonnes dispositions et de prévenir les patients et les médecins de l’impact de cette interaction médicamenteuse. "Chez les patients qui nécessitent une suppression acide en raison de symptômes sévères, l’utilisation d’antiacides ou de bloqueurs H2 pourrait être recommandée", ont-ils conclu.
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