- D’après une nouvelle étude, le stress améliore la qualité du sperme trois mois après.
- Les mois précédents, en revanche, il n’y a pas d’impact sur la qualité du sperme.
- Cela pourrait expliquer l’augmentation des naissances post-Covid.
Après la crise de la Covid-19, les Français et les Françaises ont fait plus de bébés ! En témoignent les chiffres suivants : 738.000 bébés sont nés en France en 2021, soit 3.000 naissances de plus que l'année précédente, selon le site Vie publique. Une année record selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Depuis, les naissances baissent : 678.000 bébés en 2023, puis 48.000 de moins en 2022.
Plus de naissances grâce au stress ?
Cette hausse record des naissances en 2021 est-elle due à une amélioration de la qualité du sperme ? Oui, peut-être, et ce grâce au stress généré par la pandémie. En tout cas, cela pourrait être l’une des hypothèses, d’après les résultats d’une étude publiée dans la revue Nature Communications.
Pour comprendre l’impact du stress sur les spermatozoïdes, les chercheurs ont analysé le sperme de 34 hommes, de 18 à 35 ans, en bonne santé. Pendant deux trimestres, ils devaient chaque mois répondre à un questionnaire mesurant leur stress et donner un échantillon de sperme.
Résultats : les périodes intenses de stress n’avaient aucun impact sur la qualité ou la quantité de celui-ci. Un et deux mois après, il n’y avait toujours pas de répercussion… En revanche, trois mois après, les scientifiques ont observé une amélioration de la qualité du sperme. Elle se caractérisait par le fait que les spermatozoïdes étaient beaucoup plus rapides.
D’après les chercheurs, cela pourrait expliquer le rebond des naissances un an après la Covid-19. En effet, la qualité des spermatozoïdes est meilleure au bout de trois mois. Comme une grossesse dure 9 mois, il y a plus de naissances un an après.
Stress et qualité du sperme : l'épididyme au coeur de l'étude
Mais pourquoi le stress impacte le sperme ? Le lien se fait dans l’épididyme, où les spermatozoïdes maturent et sont stockés. Pour l’étudier, les scientifiques ont mené des expériences sur des souris à qui ils ont injecté l’équivalent du cortisol (l’hormone du stress chez des humains) pour les rongeurs : la corticostérone. Ainsi, ils ont observé plusieurs chamboulements métaboliques dont l’une des conséquences était la baisse d’énergie dans les cellules de l’épididyme.
Plus précisément, ils ont étudié les vésicules extracellulaires sécrétées par l’épididyme. Elles contiennent des protéines et des molécules qui sont transportées vers les spermatozoïdes. Ces dernières entre autres sont connues pour avoir la capacité de modifier leur maturation.
Dans le cadre de cette expérience, l'équipe a mis des vésicules extracellulaires (issues d'un épididyme soumis à du stress) en contact avec des spermatozoïdes de souris qui n’avaient pas reçu d’injections de corticostérone. Elle a alors remarqué que les spermatozoïdes étaient plus rapides. Cela signifie donc que les conséquences du stress impactent bien la qualité du sperme.
“Cela peut être bénéfique d’un point de vue de l’évolution, car ça permettrait d’augmenter le taux de naissances, particulièrement après des périodes difficiles comme celles que nous avons vécu durant la pandémie de [la] Covid”, souligne Tracy Bale, l’un des auteurs de l’étude, dans un communiqué.
En France, l’indicateur conjoncturel de fécondité est à 1,68 enfant par femme en 2023, alors qu’il était de 1,79 en 2022 et 1,83 en 2021, selon l’Insee.