- 75 jours après une greffe de cellules extraites de son propre corps et reprogrammées, une jeune femme est parvenue à une indépendance durable vis-à-vis de l'insuline.
- Elle a cessé de subir les pics et les chutes dangereux de la glycémie, qui "est passée d'une valeur initiale de 43,18 % à 96,21 %."
- Un an plus tard, aucune anomalie liée à la transplantation n’a été signalée.
Elle est la première personne diabétique à être traitée à l’aide de cellules extraites de son propre corps. Dans une étude, publiée dans la revue Cell, des chercheurs l’université de Pékin (Chine) ont annoncé avoir réussi à inverser le diabète de type 1, caractérisé par la présence d’un excès de sucre dans le sang, d’une femme de 25 ans ayant "besoin auparavant de quantités importantes d’insuline."
Cet exploit survient après qu’en avril dernier, des scientifiques de Shanghai ont révélé être parvenu à transplanter des îlots producteurs d’insuline dans le foie d’un homme de 59 ans atteint de diabète de type 2. Les îlots provenaient de cellules souches reprogrammées prélevées sur le propre corps de l’homme, qui a depuis arrêté de prendre de l’insuline. Pour rappel, "les cellules souches peuvent être utilisées pour faire pousser n’importe quel tissu du corps et peuvent être cultivées indéfiniment en laboratoire, ce qui signifie qu’elles offrent potentiellement une source illimitée de tissu pancréatique".
Diabète de type 1 : "son intervalle glycémique cible est à 96,21 %" après la greffe de cellules souches reprogrammées
Dans le cadre d’un premier essai pour la jeune patiente, des biologistes ont extrait des cellules de trois personnes souffrant de diabète de type 1 et les ont ramenées à un état pluripotent (la faculté de se différencier en tous les types cellulaires d'un organisme), à partir duquel elles pouvaient être moulées dans n’importe quel type de cellule du corps. Cette technique de reprogrammation a été développée pour la première fois par Shinya Yamanaka travaillant à l’Université de Kyoto au Japon il y a près de 20 ans. Cependant, pour les besoins de ces recherches, l’équipe pékinoise a modifié la technique. Au lieu d’introduire des protéines qui déclenchent l’expression des gènes, elle a exposé les cellules à de petites molécules, ce qui leur a permis de mieux contrôler le processus. Les auteurs ont ensuite utilisé les cellules souches pluripotentes induites chimiquement pour générer des amas d’îlots en 3D. Ces derniers ont ensuite testé la sécurité et l’efficacité des cellules sur des souris et des primates.
Lors d’une opération de moins d’une demi-heure, ils ont injecté l’équivalent d’environ 1,5 million d’îlots dans les muscles abdominaux de la femme. "En les plaçant dans l’abdomen, on a pu surveiller les cellules à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique et éventuellement les retirer si nécessaire", ont indiqué les scientifiques. Deux mois et demi après la greffe, la patiente produisait suffisamment d’insuline pour vivre sans avoir besoin d’injections, et elle a maintenu ce niveau de production pendant plus d’un an. "Son intervalle glycémique cible est passé d'une valeur initiale de 43,18 % à 96,21 % au quatrième mois suivant la transplantation, accompagné d'une diminution de l'hémoglobine glyquée, un indicateur des niveaux de glucose systémique à long terme à un niveau non diabétique", peut-on lire dans l’étude.
Aucune anomalie liée à la transplantation de cellules extraites de son propre corps
Un an plus tard, les données cliniques ont coché tous les critères d'évaluation, sans indication d'anomalies liées à la transplantation. "Les résultats prometteurs obtenus chez ce patient suggèrent que d'autres études cliniques évaluant la transplantation d'îlots dans le diabète de type 1 sont justifiées."