ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > La méditation, un antidouleur naturel efficace ?

Cerveau

La méditation, un antidouleur naturel efficace ?

Par Stanislas Deve

Plus efficace que les placebos, la méditation de pleine conscience agirait directement sur la douleur en modifiant la manière dont le cerveau traite les stimuli douloureux.

JLco - Julia Amaral / istock
Non seulement la méditation de pleine conscience a surpassé les placebos et les fausses méditations en réduisant la douleur perçue par les participants, mais elle a également montré des effets uniques dans le cerveau.
Les chercheurs ont découvert que la pratique diminuait l’activité dans les régions cérébrales associées à la sensation physique de la douleur ainsi qu'à son impact émotionnel.
"On a longtemps supposé que l'effet placebo chevauchait les mécanismes cérébraux déclenchés par les traitements actifs, mais ces résultats suggèrent que, pour la douleur, ce n'est pas le cas. [Cela] soutient l'utilisation de la méditation comme une intervention directe pour la douleur chronique plutôt que comme un moyen d'engager l'effet placebo."

La méditation de pleine conscience, déjà réputée pour la gestion du stress ou le traitement des addictions, pourrait-elle également faire office d’antidouleur naturel ? Une nouvelle étude, publiée dans la revue Biological Psychiatry, révèle que cette pratique s’avère plus efficace que les traitements placebo pour soulager la douleur chez des patients. Des résultats qui bouleversent les idées reçues sur le fonctionnement de la méditation.

Méditation de pleine conscience versus placebo

Pendant des années, la question de savoir si la méditation fonctionnait en exploitant la suggestion, à la manière des placebos, a suscité de vifs débats parmi la communauté scientifique. Mais cette nouvelle recherche, menée par l'Université de Californie à San Diego et du Dartmouth College (Etats-Unis), apporte des preuves solides que la méditation et les placebos suivent des chemins cérébraux bien distincts. "L'esprit est extrêmement puissant, et nous cherchons encore à comprendre comment l’utiliser pour la gestion de la douleur", explique le professeur Fadel Zeidan, auteur principal, dans un communiqué

L’étude a impliqué 115 volontaires en bonne santé, répartis en quatre groupes : méditation de pleine conscience, fausse méditation, crème placebo et groupe de contrôle. Après quatre sessions d’entraînement de 20 minutes, les participants ont subi des tests de douleur sous forme de chaleur appliquée à leurs jambes, tout en étant scannés par IRM. Le groupe de méditation de pleine conscience devait se concentrer sur la respiration et observer les sensations sans jugement, tandis que le groupe placebo recevait une crème censée soulager la douleur.

Un outil puissant pour soulager les douleurs chroniques

Non seulement la méditation de pleine conscience a surpassé les placebos et les fausses méditations en réduisant la douleur perçue par les participants, mais elle a également montré des effets uniques dans le cerveau. Les chercheurs ont découvert que la pratique diminuait l’activité dans les régions cérébrales associées à la sensation physique de la douleur ainsi qu'à son impact émotionnel. De leur côté, la crème placebo n'a influencé que les attentes des participants vis-à-vis de la douleur, et la fausse méditation a eu des effets minimes.

"On a longtemps supposé que l'effet placebo chevauchait les mécanismes cérébraux déclenchés par les traitements actifs, mais ces résultats suggèrent que, pour la douleur, ce n'est pas le cas, explique Fadel Zeidan. Au lieu de cela, ces deux réponses cérébrales sont complètement distinctes, ce qui soutient l'utilisation de la méditation comme une intervention directe pour la douleur chronique plutôt que comme un moyen d'engager l'effet placebo."

Ces résultats montrent que la méditation de pleine conscience ne se contente pas de convaincre les patients qu'ils ressentent moins de douleur : elle modifie fondamentalement la manière dont le cerveau traite les stimuli douloureux. Cette pratique pourrait bien devenir un outil thérapeutique de choix, à l’heure où "des millions de personnes vivent avec la douleur chronique au quotidien", selon l’étude.