La production du laboratoire Marette a été suspendue, et tous les produits fabriqués ont été placés sous quarantaine. Telle est la décision qui a été prise ce mardi soir par le ministère de la Santé et l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Ce laboratoire implanté en Normandie a fabriqué les poches alimentaires qui ont été à l'origine de quatre accidents "d'une gravité exceptionnelle » qui ont entraîné le décès de trois nourrissons au centre hospitalier de Chambéry.
L'agent responsable des chocs septiques appartient à la famille des entérobactéries issues d'un germe nouveau. « Il s'agit d'une espèce non décrite à ce jour» , a indiqué le Pr Jean-Claude Manuguerra, responsable de la cellule d'intervention biologique d'urgence de l'institut Pasteur. Mais les analyses génomiques réalisées à partir des reliquats de 3 poches alimentaires utilisées pour les nourrissons décédés et de 3 poches non utilisées mais fabriquées le même jour (le 28 novembre dernier selon l'enquête sanitaire) par le laboratoire ont permis d'établir la présence de ce germe.
« Ce germe est d'origine environnementale : il peut provenir de l'eau, de l'air, du sol, a indiqué le Pr Jean-Claude Manuguerra. C'est pour cette raison qu'il est difficile d'établir à quel moment précis de la fabrication la contamination a pu avoir lieu » Par principe de précaution, les autorités sanitaires ont donc stoppé l'activité du laboratoire. Des inspections sont toujours en cours dans le laboratoire, chez ses fournisseurs, et les responsables de la livraison, a rappelé le Pr Dominique Maraninchi, le directeur de l'ANSM.
« J'apporterai en toute transparence toutes les informations qui permettront d'éclairer l'origine de ces drames", a souligné Marisol Touraine. La ministre de la Santé a renouvelé son soutien aux familles des trois enfants décédés, ainsi qu'au personnel soignant du service de néonatalogie de l'hôpital.
Une quinzaine d'établissements se fournissaient auprès du laboratoire Marette. Jusqu'à présent, aucun autre accident n'a été signalé, notamment auprès des sept services qui ont reçu des poches du même lôt. Ces établissements devront désormais se fournir auprès des laboratoires internes des centres hospitaliers universitaires pour leurs besoins en poches alimentaires. La ministre a aussi expliqué qu'une réflexion générale devrait être menée sur la production des poches alimentaires parentérales.