- Les événements traumatisants de l'enfance augmentent le risque de dépression, de fatigue, de douleur modérée à sévère, de dyspnée, de solitude et d’une faible satisfaction de vie en fin de vie.
- Le redoublement scolaire est l’un des événements potentiellement traumatisants le plus courant dans l’enfance.
- Selon les auteurs, il faut considérer les besoins d'un patient à travers le prisme du traumatisme.
Les autorités sanitaires reconnaissent que les traumatismes vécus sont pertinents pour les soins cliniques des adultes en fin de vie. Dans une récente étude, des chercheurs de l'UC San Francisco et l'Université du Michigan (États-Unis) ont ainsi décidé de déterminer la prévalence des traumatismes au début de la vie et cumulatifs chez les personnes âgées, ainsi que l'association des événements traumatisants avec le bien-être physique, mental et social à un âge avancé.
Douleur, dépression, solitude : plus de risques chez les personnes ayant des traumatismes
Pour mener à bien leurs travaux, publiés dans la revue Journal of the American Geriatrics Society, ils ont suivi 6.495 Américains âgés de plus de 50 ans. Les participants ont dû remplir un questionnaire sur leurs expériences avec 11 événements traumatiques, ainsi que sur leur bien-être psychosocial. Ils ont été interrogés tous les deux ans jusqu'à leur décès, survenu à un âge moyen de 78 ans. Un dernier "entretien" avec un membre de la famille ou un ami ayant une procuration a fourni des informations sur les symptômes (douleur, fatigue, dyspnée, dépression) et les problèmes rencontrées (solitude, isolement social) au cours de leur dernière année de vie.
Les résultats ont montré que les traumatismes au cours de la vie étaient fréquents, avec une variation des événements individuels selon le sexe et l’année de naissance. Selon les recherches, les traumatismes sont associés à la dépression et à l’anxiété. Dans le détail, les personnes traumatisées par cinq événements ou plus avaient 40 % de probabilité d’en souffrir en fin de vie, contre 24 % chez eux n’ayant pas de traumatismes. "La dépression et l’anxiété peuvent favoriser un environnement pro-inflammatoire associé aux maladies chroniques. Si le stress est persistant, il peut entraîner une inflammation et des conséquences néfastes sur la santé plus tard dans la vie. Ainsi, ils pénètrent sous la peau", a déclaré Kate Duchowny, auteure principale des recherches. En outre, la hausse des événements traumatisants est liée à des rapports plus élevés de douleur modérée à sévère (46 %), de fatigue (58 %), de dyspnée (46 %), de solitude (12 %) et d’une faible satisfaction de vie (73 %) en fin de vie.
Le redoublement scolaire laisse des traces durables
D’après l’équipe, deux volontaires sur cinq ont vécu des traumatismes dans leur enfance, comme avoir des ennuis avec la police et être exposés à l’abus de drogues, d’alcool ou victimes de violences physiques des membres de la famille, notamment parents. L’événement potentiellement traumatisant le plus courant dans l’enfance était le redoublement d’une année scolaire. Les causes les plus courantes de traumatisme à l’âge adulte étaient une maladie potentiellement mortelle ou le fait d’avoir un conjoint ou un enfant atteint d’une maladie potentiellement mortelle. Les causes moins courantes étaient la mort d’un enfant, le fait d’avoir un partenaire toxicomane, la survie à une catastrophe naturelle ou l’engagement dans un combat armé.
Face à ces données, les auteurs indiquent qu’une approche tenant compte des traumatismes dans les soins de fin de vie et la gestion des besoins physiques et psychosociaux peut améliorer la qualité de vie d’un patient.