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Sérotonine

Cerveau : la déglutition déclenche une sensation d’euphorie

Par Geneviève Andrianaly

Des chercheurs allemands et britanniques ont identifié un circuit de contrôle important impliqué dans le processus d’alimentation.

Drazen Zigic/iStock
Les larves de mouches possèdent une sorte de "récepteur d’étirement" dans l’œsophage qui se déclenche dès que l’insecte avale quelque chose.
Si la larve a avalé de la nourriture, le "récepteur d’étirement" ordonne au cerveau de libérer de la sérotonine, souvent appelée "hormone du bien-être", qui conduit à ce que la larve continue à manger.
Les chercheurs supposent que les êtres humains ont également un circuit de contrôle très similaire.

Si l’odeur alléchante et le goût délicieux des aliments peuvent donner le coup d’envoi de notre repas, il s’avère que c’est la sensation agréable ressentie après avoir avalé un aliment qui nous incite à en redemander. C’est ce qu’ont récemment révélé des chercheurs de l’université de Bonn (Allemagne) et de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni) dans une étude publiée dans la revue Current Biology.

Toutes les connexions nerveuses des larves de mouches ont été étudiées

Pour parvenir à cette conclusion, ces derniers ont examiné les larves de la mouche à fruits Drosophila. Pour rappel, cet insecte possède environ 10.000 à 15.000 cellules nerveuses, ce qui est un nombre raisonnable comparé aux 100 milliards du cerveau humain. Cependant, ces 15.000 cellules nerveuses forment déjà un réseau extrêmement complexe. En effet, chaque neurone possède des ramifications par lesquelles il entre en contact avec des dizaines, voire des centaines d’autres cellules nerveuses. Dans le cadre des travaux, l’équipe a découpé une larve en milliers de tranches très fines et l’a photographié au microscope électronique. Ensuite, elle a étudié les trajets de toutes les fibres nerveuses des larves, mais aussi les connexions entre les différents neurones.

Un "récepteur d’étirement" connecté aux neurones à sérotonine

À l’issue de cette analyse, les auteurs ont découvert une sorte de "récepteur d’étirement" dans l’œsophage. Il est connecté à un groupe de six neurones dans le cerveau de la larve qui sont capables de produire de la sérotonine, un neuromodulateur connu sous le nom "d’hormone du bien-être". Cette dernière veille par exemple à ce que nous nous sentions récompensés pour certaines actions et que nous soyons encouragés à les poursuivre. Selon les données, les neurones à sérotonine reçoivent des informations supplémentaires sur ce que la mouche vient d’avaler. "Ils peuvent détecter s’il s’agit de nourriture ou non et également évaluer sa qualité. Elles ne produisent de la sérotonine que si elles détectent une nourriture de bonne qualité, ce qui garantit que la larve continue à manger", a expliqué Andreas Schoofs, qui a dirigé les recherches.

"Nous n’en savons pas encore assez sur le fonctionnement réel du circuit de contrôle chez l’Homme"

Les scientifiques estiment que ce mécanisme existe probablement aussi chez les êtres humains. Ainsi, s’il ne fonctionne pas correctement, il pourrait potentiellement provoquer des troubles du comportement alimentaire, tels que l’anorexie ou l’hyperphagie. "Mais nous n’en savons pas encore assez sur le fonctionnement réel du circuit de contrôle chez l’Homme. Il reste encore des années de recherche à mener dans ce domaine", a conclu Michael Pankratz, co-auteur de l’étude.