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Alzheimer

Démence : une appli de “chasse au trésor” aide à identifier les personnes à risque

Par Sophie Raffin

Des chercheurs allemands ont développé une application capable d’identifier les personnes à risque de développer la maladie d’Alzheimer en les faisant participer à une sorte de chasse au trésor/course d’orientation.

VITALII BORKOVSKYI/istock
Des chercheurs ont pu identifier des personnes présentant un risque accru de démence à l'aide de données de mobilité enregistrées lors d'une "course d'orientation".
Grâce à leur application, ils ont remarqué que les personnes souffrant d’un déclin cognitif subjectif s'arrêtaient davantage que les autres.
Ainsi pour les chercheurs, les données des smartphones peuvent aider à détecter des signes subtils de déclin cognitif.

"Actuellement, la maladie d’Alzheimer est souvent traitée trop tard pour garantir une thérapie efficace. Les nouveaux médicaments à base d'anticorps, dont on parle beaucoup en ce moment, ne fonctionnent que s’ils sont administrés à un stade précoce. Nous devons donc pouvoir diagnostiquer la maladie plus tôt, lorsque les symptômes sont encore légers. Cela nécessite des progrès en matière de diagnostic", explique le Dr Anne Maass, responsable du groupe de recherche DZNE et professeure à l’Université de Magdebourg dans un communiqué.

Pour repérer la pathologie neurodégénérative plus rapidement, la scientifique et ses collègues ont eu l'idée de développer une application capable de repérer les problèmes de navigation spatiale, l’un des premiers symptômes potentiels de la maladie d’Alzheimer, lors d'une sorte de "chasse au trésor" ou de "course d’orientation".

Leurs travaux ont été détaillés dans un article publié dans la revue PLOS Digital Health.

Alzheimer : des arrêts suspects chez les patients à risque pendant l'orientation

Pour cette étude, les chercheurs ont réuni 72 participants dont 23 souffraient d’un déclin cognitif subjectif (DCS). Il s'agit de personnes qui ressentent une perte de capacité mentale, mais cette dernière n’est pas détectée par les tests neuropsychologiques classiques. De précédents travaux ont démontré qu'il s’agissait d’un facteur de risque de démence. Tous les volontaires étaient chargés de trouver de manière autonome plusieurs bâtiments du campus médical de l’université de Magdebourg, en utilisant une application. Cette dernière affichait le plan en indiquant la position actuelle du volontaire, sa prochaine destination ainsi qu’une photo du point d'intérêt recherché. En revanche, la carte disparaissait dès que la personne se mettait à marcher.

"Les participants devaient mémoriser le tracé des rues, leur position et leur destination, puis suivre leur sens de l’orientation et leur mémoire spatiale, précise Jonas Marquardt, premier auteur de l’étude. S’ils se perdaient, ils pouvaient appuyer sur un bouton d’aide dans l’application. La carte, leur position et leur destination réapparaissaient alors brièvement." L’équipe a récupéré les données GPS de l'application et les a analysées. Elle a ainsi repéré des profils de mobilité individuels.

"Dans l’ensemble, les participants les plus jeunes ont obtenu de meilleurs résultats. En moyenne, ils ont parcouru des distances plus courtes et n’ont généralement pas utilisé la fonction d’aide aussi souvent que les plus âgés, explique Jonas Marquardt. Les différences entre les personnes âgées atteintes et non atteintes d’un déclin cognitif subjectif se sont principalement reflétées dans le nombre d’arrêts d'orientation. Les personnes âgées atteintes d’un DCS ont fait plus souvent de brèves pauses pendant la marche, probablement pour s’orienter, que les personnes âgées sans trouble. En fait, nous avons pu identifier les participants atteints de DCS sur la base de ce paramètre."

Démence : une nouvelle voie pour des diagnostics plus précoces

Les chercheurs n’ont pas encore pu déterminer pourquoi les personnes souffrant d’un déclin cognitif subjectif se distinguaient autant lors de l’analyse des données de leur application de "chasse au trésor".

"Les résultats de notre étude sont néanmoins une preuve de concept prometteuse. Ils montrent que les données des smartphones peuvent aider à détecter des signes subtils de déclin cognitif dans des contextes réalistes", explique Nadine Diersch qui a également travaillé sur l’étude. "Je pourrais imaginer que de telles applications soient utilisées à l’avenir pour identifier les personnes à risque et décider ensuite si des tests supplémentaires ou une thérapie sont nécessaires", conclut la scientifique.