Depuis plusieurs décennies, les professionnels de santé surveillent le poids des femmes enceintes, car l’obésité et le surpoids sont des facteurs de risque de complications lors des grossesses. Des équipes de l'université Linköping et de l'Institut Karolinska qui cherchaient à comprendre pourquoi les femmes immigrées rencontrent plus de troubles de santé graves lorsqu’elles attendent un enfant, se sont demandées si les problèmes de poids pouvaient être une explication.
Ils ont finalement découvert que le poids corporel est un facteur de santé important pendant la grossesse quel que soit le pays de naissance de la future maman.
Leurs travaux ont été présentés dans l’édition d’octobre de la revue Lancet Public Health.
Grossesse et poids : un facteur de risque pour toutes les mères
Pour cette étude, les chercheurs ont repris les dossiers de près de 2 millions de grossesses ayant eu lieu entre 2000 et 2020. Ils ont étudié la survenue de huit troubles qui peuvent affecter la mère ou le bébé pendant la grossesse, ou durant et après l'accouchement comme le diabète gestationnel, la pré-éclampsie, la mortalité infantile ou encore la prématurité. Ils ont ensuite évalué la relation entre l'IMC de la mère lors de la première visite prénatale et les complications rencontrées en fonction de la région du monde dans laquelle elle est née.
Résultat des analyses : le surpoids (IMC supérieur à 25) est un facteur majeur de complications pendant la grossesse et l'accouchement – aussi bien chez les mères suédoises qu’immigrées. L’équipe a également remarqué que l'importance du poids corporel pendant la grossesse diffère selon les complications. Par exemple, un IMC élevé contribue davantage au diabète gestationnel qu'aux autres troubles.
En revanche, l'insuffisance pondérale (IMC inférieur à 18,5), de son côté, ne contribuerait pas de manière significative aux complications étudiées, selon les données recueillies.
Grossesse : des mesures pour promouvoir le poids santé
Ainsi, les auteurs de l’étude concluent que prendre des mesures pour promouvoir un poids santé pourrait aider toutes les femmes, peu importe où elles sont nées dans le monde.
"Un poids santé est bon pour tout le monde. Plus tôt dans la vie, mieux c'est, car une fois que l'obésité est établie, elle est difficile à traiter", explique Pontus Henriksson de l'Université Linköping dans un communiqué.
La première auteure de l'étude,Maryam Shirvanifar, ajoute : "par exemple, nous avons conclu qu'environ la moitié de tous les cas de diabète gestationnel pourraient être évités. Cela s'applique à la fois aux femmes nées en Suède et aux femmes nées à l'étranger".
Toutefois, plusieurs facteurs pouvant affecter la santé des mères – comme la qualité du traitement des soins, la barrière de la langue, le stress lié à la migration ou encore les différences de comportements liés à la santé – n’ont pu être pris en compte dans cette étude. Les scientifiques estiment ainsi que d’autres recherches sont nécessaires pour évaluer plus finement les facteurs de risque pouvant affecter la grossesse.