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Alzheimer : un médicament qui empêche l'accumulation de protéines tau ?

Par Stanislas Deve

Des chercheurs ont mis au point un médicament efficace pour inhiber spécifiquement la protéine tau, dont l’accumulation dans le cerveau est caractéristique de la maladie d’Alzheimer.

ipopba / istock
Les protéines tau jouent un rôle crucial dans le maintien de la structure et de la fonction des neurones, mais dans la maladie d’Alzheimer, ces protéines fonctionnent mal et s’accumulent anormalement dans le cerveau.
Le nouveau médicament, un inhibiteur de peptide appelé RI-AG03, se distingue des traitements actuels en inhibant simultanément deux "points chauds" sur la protéine tau, où celle-ci tend à s’agglutiner.
Testé en laboratoire sur des mouches drosophiles modifiées pour développer la maladie, le RI-AG03 a permis de ralentir la neurodégénérescence et de prolonger leur espérance de vie. Il doit désormais être testé sur des rongeurs.

C’est une percée prometteuse dans la recherche de traitement contre la maladie d'Alzheimer. Pour la première fois, une équipe internationale de scientifiques a développé en laboratoire un médicament ciblant deux zones spécifiques de la protéine tau, connue pour jouer un rôle central dans la neurodégénérescence. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Alzheimer's & Dementia.

Inhiber deux régions spécifiques sur la protéine tau

Les protéines tau jouent un rôle crucial dans le maintien de la structure et de la fonction des neurones, mais dans la maladie d’Alzheimer, ces protéines fonctionnent mal et s’accumulent anormalement dans le cerveau. Ces amas forment des enchevêtrements neurofibrillaires qui empêchent les neurones de fonctionner correctement. À mesure que de plus en plus de neurones meurent, la mémoire, la pensée et le comportement deviennent de plus en plus altérés, d’où le déclin cognitif observé chez les patients souffrant d'Alzheimer.

Le médicament en question, un inhibiteur de peptide appelé RI-AG03, se distingue des traitements actuels en ciblant simultanément deux "points chauds" sur la protéine tau, où celle-ci tend à s’agglutiner. "Il y a deux régions de la protéine tau qui agissent comme une fermeture éclair pour lui permettre de s'agréger. Pour la première fois, nous avons un médicament efficace pour inhiber ces deux régions en même temps", explique le Dr Anthony Aggidis, auteur principal de l'étude, dans un communiqué.

La nouvelle approche thérapeutique se veut "plus sûre", poursuit le chercheur. "Nous savons que la toxicité de la protéine tau est intimement liée à sa capacité d'agrégation, mais les inhibiteurs actuels de l'agrégation ont eu de nombreux effets secondaires parce qu'ils peuvent interférer avec les fonctions de nombreuses autres protéines." Le RI-AG03, lui, est spécifiquement conçu contre la protéine tau, ce qui signifie qu’il est moins susceptible d'interagir de manière indésirable avec d'autres protéines.

Vers de potentiels traitements contre la maladie d’Alzheimer

Testé en laboratoire, le médicament a démontré son efficacité sur des modèles de mouches drosophiles, modifiées pour développer la maladie. Le RI-AG03 a en effet permis de ralentir la neurodégénérescence et de prolonger leur espérance de vie de deux semaines, un sursis significatif compte tenu de la durée de vie des insectes. "Plus le dosage donné était élevé, plus l'amélioration de l’espérance de vie était importante", précisent les scientifiques.

Des essais sur des cellules humaines ont également confirmé que ce médicament réduisait efficacement l'accumulation de la protéine tau. L’équipe de recherche compte désormais tester le médicament sur des rongeurs, avant d’envisager des essais cliniques sur l’Homme, ouvrant ainsi la voie à des traitements potentiels pour les maladies neurodégénératives comme l’Alzheimer.