Environ une personne dépressive sur trois présente des niveaux élevés d’inflammation, résultat d’une activation chronique du système immunitaire. Les chercheurs du King’s College London ont voulu mieux comprendre ce phénomène, d’autant plus que les patients souffrant de dépression et d'inflammation affichent un plus grand risque de ne pas répondre aux antidépresseurs.
L'équipe détaille sa découverte sur le lien entre la dépression, le système immunitaire et l'inflammation dans un article publié dans la revue Molecular psychiatry.
La dépression et une inflammation accrue sont liées
Pour mettre en lumière les mécanismes biologiques qui sous-tendent cette hausse de l'inflammation chez les dépressifs, les chercheurs ont utilisé le séquençage de l'ARNm. Ils ont analysé les prélèvements sanguins de 139 volontaires grâce à cette technologie qui mesure l'activité de tous les gènes exprimés dans le sang.
Ces tests ont montré qu’il y a une activation significative des gènes liés au système immunitaire lorsque le corps présente une inflammation modérément accrue. Par ailleurs, il y a une activation supplémentaire des gènes impliqués dans les processus métaboliques (c'est-à-dire liée à la façon dont nous produisons, consommons et stockons l'énergie) chez les personnes dépressives et ayant des niveaux très élevés d'inflammation.
Lors de ces travaux, l’équipe a également identifié un profil d'expression génique spécifique chez les personnes qui avaient efficacement répondu à un antidépresseur. Ils présentaient des changements dans les mécanismes biologiques, non seulement pour l'inhibition de la fonction immunitaire, mais aussi pour la protection du cerveau.
"Ce qui suggère que ces processus biologiques peuvent jouer un rôle dans le rétablissement de la dépression et dans le fonctionnement des antidépresseurs", précisent les chercheurs dans un communiqué.
Dépression : une approche personnalisée en fonction des différences biologiques
Face aux différents résultats obtenus, les scientifiques estiment que les gènes et leurs modèles biologiques associés pourraient expliquer les différences entre les différents types de dépression. Par exemple, les formes qui répondent aux traitements, celles qui n’y répondent pas ou encore celles qui développent ou non des comorbidités médicales comme le diabète et les problèmes cardiovasculaires.
"Notre recherche met en évidence la nécessité de comprendre la base biologique de différents types de dépression, en s'éloignant de l'approche traditionnelle vers des approches plus ciblées et personnalisées", indique Pr Carmine Pariante.
"Avec l'expression des gènes, nous pourrions capturer quelque chose de différent de ce qui est cliniquement observable, quelque chose "d'intermédiaire" entre ce qui est codé dans nos gènes et ce qui se manifeste finalement. De telles recherches pourraient donc aider à bien comprendre la biologie de la dépression", ajoute sa collègue, Pr Annamaria Cattaneo.
Pour ces deux expertes, se concentrer sur les différences biologiques individuelles permettrait de développer des approches médicales personnalisées de la dépression, et venir en aide aux patients ne répondant pas aux traitements standards.