- Contrairement à ce que son nom laisse entendre, la "cocaïne rose" ne contient pas de cocaïne. Il s’agit d’un mélange complexe de substances déjà bien connues du marché illicite, dont la kétamine, la MDMA et la caféine.
- La substance, aux effets principalement hallucinogènes et stimulants, se présente sous forme de poudre rose, que les consommateurs inhalent ou s'injectent. Du fait de la présence de plusieurs drogues différentes, les risques pour la santé sont élevés.
- L’un des plus grands dangers de la "cocaïne rose" réside dans son ambiguïté. Le consommateur, attiré par l’image d’un produit exotique et nouveau, peut se retrouver face à une substance dont il ne connaît pas les composants ni les effets.
Au début du mois de septembre, la police espagnole a réalisé une importante saisie de drogues de synthèse à Ibiza : 300 kilos d’ecstasy, 212 kilos de kétamine et 21 kilos de "cocaïne rose". Egalement connue sous le nom de "tucibi" (prononciation anglaise du 2C-B), cette nouvelle substance est apparue dans certaines régions de France à partir de 2021, selon un rapport de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) datant de juin 2023. Mais de quoi est faite cette drogue de synthèse ?
Un cocktail complexe de drogues bien connues
Contrairement à ce que son nom laisse entendre, la "cocaïne rose" ne contient pas de cocaïne, ni même de 2C-B, substance psychédélique de la famille des phénéthylamines. Cette drogue n’est rien d’autre qu’un mélange complexe de substances déjà bien connues du marché illicite, dont la kétamine, la MDMA (ou ecstasy) et la caféine. À ce cocktail de base peuvent s’ajouter divers "hallucinogènes, opiacés ou médicaments". Le tout parfois aromatisé aux "goûts fraise, banane ou passion", pour un prix oscillant entre 60 et 100 euros le gramme, précise l'OFDT. Si cette nouvelle drogue a été signalée dès 2010 en Amérique latine, notamment en Colombie, elle est apparue dans l’Hexagone "sur les 'menus' de certains revendeurs en 2022", notamment en Île-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Occitanie.
La substance, aux effets principalement hallucinogènes et stimulants, se présente sous forme de poudre rose, que les consommateurs inhalent ou s'injectent. Du fait de la présence de plusieurs drogues différentes, les risques pour la santé sont élevés : une descente souvent difficile, de l’anxiété, des pensées suicidaires, jusqu’à la perte de connaissance, voire l’overdose. La présence de kétamine augmente encore les dangers, provoquant des effets dissociatifs violents et des difficultés respiratoires, d’autant plus que les consommateurs ignorent souvent la composition réelle de ce qu’ils achètent ou pensent sniffer de la cocaïne.
Le risque de consommer une drogue que l’on ne connaît pas
Malgré sa diffusion croissante, la "cocaïne rose" reste pourtant encore peu documentée, et les autorités sanitaires manquent de données sur ses usages et sa disponibilité. Les rares saisies effectuées par les forces de l’ordre, ainsi que les analyses de l’OFDT, confirment que ce "nouveau" produit n’est qu’un assemblage de substances existantes, sans véritable innovation chimique, mais avec des effets potentiellement dévastateurs.
Selon les experts, l’un des plus grands dangers de la "cocaïne rose" réside dans son ambiguïté. Le consommateur, attiré par l’image d’un produit exotique et nouveau, peut se retrouver face à une substance dont il ne connaît pas les composants ni les effets, augmentant ainsi les risques de complications. Alors que cette drogue fait son chemin dans certains milieux de la fête, les autorités sanitaires continuent de suivre de près son évolution.