Dommages à l’ADN, inflammation accrue... Une nouvelle étude, publiée dans le Journal of the National Cancer Institute, révèle que les traitements courants du cancer du sein, comme la chimiothérapie, la radiothérapie et la chirurgie, pourraient accélérer le processus de vieillissement biologique chez les survivantes, à savoir neuf patientes sur dix.
Traitements anticancéreux et vieillissement cellulaire
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs du Jonsson Comprehensive Cancer Center de l'UCLA Health (Etats-Unis) ont mené une étude longitudinale pendant deux ans, en suivant l'expression des gènes liés au vieillissement avant et après les traitements chez des femmes diagnostiquées d’un cancer du sein. Ils ont observé une accumulation de cellules dites "zombies", des cellules sénescentes qui cessent de se diviser mais ne meurent pas – un processus appelé sénescence cellulaire – et qui libèrent des substances nocives endommageant les cellules saines voisines, contribuant ainsi à l'inflammation et au vieillissement.
Les analyses ont révélé que, indépendamment du type de traitement, l'expression des gènes impliqués dans le vieillissement biologique augmentait, en particulier ceux liés à la sénescence cellulaire et à l'inflammation. Autrement dit, "les cellules immunitaires des survivantes vieillissent plus rapidement que la normale", expliquent les scientifiques dans un communiqué. "Et pour la première fois, nous montrons que les signaux que nous pensions être uniquement liés à la chimiothérapie sont également présents chez les femmes ayant subi de la radiothérapie ou une chirurgie."
Améliorer la qualité de vie des survivantes du cancer du sein
"Ces résultats suggèrent que les femmes traitées pour un cancer du sein présentent une expression génétique indiquant des dommages à l’ADN et une inflammation accrue, ce qui pourrait être des cibles importantes pour améliorer la qualité de vie après le cancer", poursuivent-ils. Aujourd’hui, grâce aux progrès thérapeutiques, près de neuf patientes sur dix atteintes d’un cancer du sein survivent cinq ans après le diagnostic. Reste que, comme le montre cette recherche, "les traitements anticancéreux amplifient les processus biologiques du vieillissement, qui sont eux-mêmes à l’origine de troubles tels que la fatigue, le déclin cognitif et les maladies cardiovasculaires".
L'équipe de scientifiques espère que cette étude ouvrira donc la voie à des solutions permettant d'améliorer non seulement l'espérance de vie, mais aussi la qualité de vie des survivantes. Ils envisagent maintenant de mesurer l’âge biologique des patientes pour évaluer les effets à long terme des traitements et explorent des moyens de ralentir ce vieillissement, en se concentrant sur des comportements préventifs comme l'exercice, la gestion du stress et le sommeil.