De nombreuses études ont démontré une hausse des troubles dépressifs et anxieux chez les adolescents ces dernières années. Alors que le phénomène inquiète les spécialistes et la population, une nouvelle étude menée par l’université d’Exeter met en lumière un outil de soin efficace auprès d’un public jeune : les applications de thérapie cognitivo-comportementale (TCC).
Par le biais de deux articles parus dans la revue Lancet Digital Health, les chercheurs de l’université d'Exeter confirment que ces solutions mobiles aident à prévenir la dépression chez les jeunes à haut risque.
Dépression : les jeunes à haut risque bénéficient des applis de TCC
Pour évaluer l’efficacité ou non des applications de thérapie cognitivo-comportementale (TCC) face aux jeunes à risque de dépression, les chercheurs ont réuni 3.700 jeunes au Royaume-Uni, en Allemagne, en Belgique et en Espagne ayant entre 16 et 22 ans. Ils ont été affectés à deux essais en fonction de leurs capacités de compétence émotionnelle au début de l'étude.
Après des tests, 1.200 participants ont affiché des scores de compétence émotionnelle réduits. Ce qui traduit un risque plus important de dépression ou encore une inquiétude accrue et une réflexion excessive par rapport aux autres. Ils ont intégré le volet de la recherche axé sur la prévention. Les 2.500 autres volontaires, ne présentant pas de risque de trouble dépressif ont rejoint la recherche se concentrant sur la promotion du bien-être.
Ces deux groupes se sont ensuite vu attribuer au hasard une des trois applications différentes développées par l'étude. Il y avait une appli d'autosurveillance où les gens peuvent signaler leurs émotions tous les jours, une solution qui offrait une formation personnalisée aux compétences émotionnelles ainsi qu’un outil mobile basé sur les principes de la TCC. Les participants ont ensuite été suivis à trois mois et 12 mois pour voir comment leur bien-être et leurs symptômes de dépression avaient évolué.
Santé mentale : l’application est facile à déployer auprès d’un public jeune
L’analyse des résultats révèle que l'application de thérapie cognitivo-comportementale empêchait une augmentation de la dépression chez les jeunes présentant les risques les plus élevés. En revanche, il n'y avait aucune différence entre les trois types de solutions testés pour les participants ayant des risques de dépression plus faibles.
"Pour les jeunes à risque élevé, nos résultats suggèrent que l'application TCC a un effet préventif sur la dépression et pourrait avoir un avantage pour la santé publique. Les mesures de qualité de vie des participants étaient meilleures, et leur travail déclaré et leur fonctionnement social étaient meilleurs", précise le professeur Ed Watkins de l'Université d'Exeter dans un communiqué. "En revanche, nous avons également constaté qu'il est difficile d'apporter des améliorations aux jeunes qui se portent fondamentalement bien."
Pour lui, il serait intéressant de promouvoir des applications dédiées à la santé mentale et à la thérapie cognitivo-comportementale auprès des jeunes les plus à risque. Toutefois, cela demanderait un travail de ciblage auparavant. "Nos résultats confirment que la prévention de la dépression fonctionne mieux lorsque nous identifions et sélectionnons les personnes qui sont plus à risque, plutôt que d'adopter une approche plus universelle. Cette identification pourrait se faire par un processus d'auto-sélection en ligne ou par le biais d'une référence professionnelle", ajoute l'expert.
Lors de leurs prochains travaux, les chercheurs britanniques prévoient d’identifier les éléments actifs de l’application de TCC qui se sont révélés bénéfiques aux jeunes ou encore d'améliorer l’engagement et l’utilisation de cette solution.