“Ma scolarité n’a pas été spécialement chaotique, j’avais des bonnes et des mauvaises notes et je n’étais pas une enfant turbulente”, m’explique Catherine Testa dans un entretien accordé à la rédaction. Pourtant, en creusant un peu, la cheffe d’entreprise pointe des indices de son TDAH qui était, forcément, déjà bien présent dans son enfance. “En fait, je me suis rendu compte que mes notes dépendaient beaucoup de la place que j’occupais dans la classe. Par exemple, si j’étais à côté de la porte, je me déconcentrais sans arrêt. J’avais également des projets plein la tête, je vivais un peu dans un monde parallèle à la classe…” Mais l’adolescente étant de bonne composition, son TDAH est passé complètement inaperçu, autant pour ses professeurs que pour son entourage.
Diagnostic du TDAH : “C’était la pièce du puzzle qui manquait pour améliorer mon quotidien”
Les années passent et Catherine excelle dans le milieu professionnel, jusqu’au moment où un point de bascule semble être atteint. “Cela faisait plusieurs années que je me posais la question du TDAH, car j’avais des faisceaux d’indices... Mais quand on a un TDAH justement, on a tendance à la procrastination, donc je laissais un peu traîner cette idée. Je me disais également que c’était peut-être l’effet barnum, que finalement, on a tous des problèmes de concentration… Mais à un moment donné, je me suis retrouvée en réelle souffrance. J’avais l’impression de partir dans le décor, je commençais un projet, puis un autre, et encore un autre, sans jamais rien terminer ! D’habitude ce qui me sauvait, c’est que je pouvais travailler très vite, et là, je n’y arrivais plus. Je prenais le train dans le sens inverse, j’accumulais de nombreuses petites choses et cela commençait vraiment à déborder.”
La trentenaire décide alors de prendre les choses en mains et contacte un psychiatre spécialisé dans le TDAH. “C’était compliqué car j’avais peur de dire que j’avais tel ou tel comportement, qu’il me dise que je n’aurais pas dû m'auto-diagnostiquer, etc.” Finalement, après plusieurs tests le verdict tombe : Catherine a bel et bien un trouble déficit de l’attention avec hyperactivité. “C’était un vrai soulagement de l’apprendre ! Cela faisait tellement d’années que je me posais des questions, que je me dévalorisais… Grâce au diagnostic j’ai pu me dire ‘c’est bon je ne suis pas folle’, c’était la pièce du puzzle qui manquait pour améliorer mon quotidien.” Très pragmatique, Catherine utilise alors son énergie pour améliorer son quotidien et mieux vivre avec son TDAH.
TDAH et travail : “Ce qui fonctionne bien pour moi, c’est la méthode pomodoro”
“Au départ je ne croyais pas trop au médicament, et finalement, je me suis rendu compte qu’avec le traitement, j’étais capable de faire des tâches exécutives pendant plusieurs heures, je pouvais répondre à plusieurs e-mails sans douleur, sans me tromper de dates par exemple”, se réjouit Catherine. Cette dernière a également revu l’agencement de son appartement pour éviter la distractibilité ou encore l’organisation de son temps de travail. “Ce qui fonctionne bien pour moi, c’est la méthode pomodoro qui consiste à enchaîner des sessions de 25 minutes de travail entrecoupées de 5 minutes de pause. Cela m’oblige à prendre des pauses, chose que je ne faisais pas naturellement, et à me fixer des objectifs à court terme, donc à rester concentrer pendant cette plage horaire.” Catherine Testa partage de très nombreux autres conseils pratiques dans son livre TDAH et alors ?, publié aux éditions Michel Lafon.
“Il faut sortir des clichés sur le TDAH et arrêter de minimiser la souffrance des personnes atteintes”
L’écrivaine et conférencière insiste également sur l’importance de la communication avec l’entourage. “Il faut sensibiliser les autres, autant dans le travail que dans le cercle amical et familial”, affirme-t-elle, reconnaissant tout de même les difficultés que cela peut engendrer. “On se demande forcément si nos collaborateurs vont continuer à nous faire confiance en le sachant… Et puis en parler demande beaucoup d’énergie car il y a énormément de clichés véhiculés sur le TDAH auxquels il faut répondre. La première fois que j’ai osé en parler sur un réseau social, un homme que je ne connaissais pas m’a dit que c’était à la mode et que je n’avais rien. On m’a également fait la réflexion que j’avais bien trop réussi ma vie pour avoir un TDAH. Cela peut paraître anodin mais ces réflexions sont très violentes pour moi !” Et pour cause, Catherine ne peut éluder ces nombreuses années à lutter contre son esprit qui ne cessait de vagabonder. “Les gens ne voient pas la notion de compensation qui a été mise en place derrière tout cela”, martèle la trentenaire. “Il faut sortir des clichés sur le TDAH et arrêter de minimiser la souffrance des personnes atteintes. Avant le diagnostic, je ressentais beaucoup de culpabilité et de frustration car je pensais que tout était de ma faute, que les autres étaient capables de se faire violence et moi non… Alors qu’en fait, j’ai juste un cerveau qui n’est pas constitué de la même façon.” À ce titre, Catherine se veut rassurante auprès de tous ces parents parfois démunis lorsqu’ils reçoivent le diagnostic du TDAH pour leur enfant : “Ce n’est pas parce qu’on a un TDAH que notre vie est foutue !”.
Point info :
Le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité -avec dans le cas de Catherine- concernerait 5 % des enfants et 3 % des adultes d’après les données de Santé publique France. Ce syndrome, tel qu’il est défini par la Haute autorité de santé, associe trois symptômes, dont l’intensité varie selon l’individu :
-le déficit de l'attention (l'incapacité à maintenir son attention, à terminer une tâche, les oublis fréquents, la distractibilité ou le refus ou évitement de tâches exigeant une attention accrue) ;
-l'hyperactivité motrice (une agitation incessante, l'incapacité à rester en place lorsque les conditions l'exigent) ;
-l'impulsivité (la difficulté à attendre, le besoin d'agir, la tendance à interrompre les activités des autres).