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Santé et environnement

Les plastifiants dans l’air, une menace invisible pour notre santé

Par Stanislas Deve

Une équipe de chercheurs aux Etats-Unis révèle que l’air que nous respirons peut nous exposer au quotidien à des substances chimiques toxiques pour notre santé : les plastifiants.

Pattadis Walarput / istock
Les plastifiants sont omniprésents dans notre environnement, des rideaux de douche aux tuyaux de jardin, en passant par les boîtes alimentaires et les textiles d’ameublement. Et, à en croire une nouvelle étude, dans l’air que l'on respire en Californie du Sud.
Les chercheurs de l’Université de Californie Riverside ont mis en évidence la présence dans l’air non seulement d’ortho-phtalates, interdits dans certains articles pour enfants et des cosmétiques en raison de leurs effets néfastes sur la santé, mais aussi de leurs substituts, appelés non-ortho-phtalates.
Parmi les plastifiants, le DiNP et le DEHP sont connus pour favoriser le cancer, des malformations congénitales ou d'autres troubles de la reproduction. "Peu importe qui vous êtes ou où vous vous trouvez, votre niveau quotidien d'exposition à ces produits chimiques est élevé et persistant."

"Ce n’est pas seulement les pailles et les sacs en plastique." Une nouvelle étude, publiée dans la revue Environmental Research, tire la sonnette d’alarme sur les niveaux de certains produits chimiques toxiques, appelés plastifiants, auxquels sont quotidiennement exposés les habitants de la Californie du Sud, aux Etats-Unis.

Ces composés, couramment utilisées pour rendre les matériaux plus flexibles, sont omniprésents dans notre consommation et notre environnement, des rideaux de douche aux tuyaux de jardin, en passant par les boîtes alimentaires et les textiles d’ameublement. Et, à en croire cette étude, partout dans l’air outre-Atlantique.

La présence des plastifiants dans l’air de Californie du Sud

Certains de ces plastifiants, les ortho-phtalates, ont été interdits dans certains articles pour enfants et des cosmétiques en raison de leurs effets néfastes sur la santé. Mais qu’en est-il des effets de leurs substituts, appelés non-ortho-phtalates ? Les chercheurs de l’Université de Californie Riverside ont mis en évidence la présence, dans l’air sud-californien, aussi bien des anciens plastifiants que de leurs remplaçants. "Nous ne nous attendions pas à ça. Les niveaux de ces composés chimiques crèvent le plafond", peut-on lire dans un communiqué de l’université.

Dans le cadre de leurs travaux, les scientifiques ont recruté des étudiants qui devaient porter, pendant plusieurs jours en 2019 et 2020, des bracelets en silicone conçus pour absorber les produits chimiques présents dans l’air. Au total, dix plastifiants ont pu être identifiés. Et pour chaque gramme de bracelet analysé, l'équipe a trouvé entre 100.000 et 1 million de nanogrammes de phtalates, dont trois à des concentrations particulièrement inquiétantes : le DiNP, le DEHP et le DEHT.

Le DiNP et le DEHP, qui figurent sur la liste de la Proposition 65 de la Californie répertoriant des substances dangereuses pour la santé, sont connus pour favoriser le cancer, des malformations congénitales ou d'autres troubles de la reproduction, comme le rappelle également Santé publique France. Le DEHT, quant à lui, a été introduit comme alternative aux plastifiants plus toxiques, mais ses effets sur la santé humaine restent encore méconnus.

Repenser l’utilisation de plastiques pour réduire la pollution

Fait inquiétant, les chercheurs ont découvert que les niveaux de ces plastifiants en Californie sont comparables à ceux trouvés dans des études similaires menées sur la côte Est des États-Unis, malgré les différences climatiques. En d’autres termes, la pollution à ces produits chimiques est généralisée : "Peu importe qui vous êtes ou où vous vous trouvez, votre niveau quotidien d'exposition à ces produits chimiques est élevé et persistant."

C'est en s’évaporant dans l’air que les plastifiants infiltrent nos environnements du quotidien, dégradant notre qualité de vie et, potentiellement, notre santé. D’après les scientifiques, il apparaît plus que jamais urgent de réduire l’utilisation des plastiques pour espérer diminuer cette pollution. "Or la seule façon de diminuer leur concentration dans l'air que nous respirons est de diminuer notre production et notre consommation de plastiques."