- Des chercheurs ont découvert que la psilocybine, la substance des champignons hallucinogènes, augmentait l'optimisme chez des rats soumis à des tâches basées sur la récompense.
- D’après eux, la psilocybine pourrait ainsi aider à traiter des symptômes notoires de la dépression, comme l’apathie, le désengagement et le retrait social.
- Cette étude ouvre la voie à des recherches cliniques sur l'Homme pour mieux comprendre comment la psilocybine pourrait être utilisée en thérapie.
D'origine naturelle (ayahuasca, peyotl, champignons, mescaline) ou synthétique (LSD, MDMA), les psychédéliques induisent des états modifiés de la conscience avec une acuité sensorielle fortement amplifiée et désorganisée. Ces dernières années, de nombreuses études ont mis en lumière le potentiel de ces substances pour traiter les troubles psychiatriques, notamment la dépression sévère.
Si les mécanismes exacts par lesquels les psychédéliques affectent le cerveau demeurent mal compris, une récente étude, menée par des scientifiques de l'Université Monash (Australie), apporte aujourd’hui de nouveaux éclairages sur les effets de la psilocybine, le composé actif des champignons hallucinogènes.
La psilocybine augmente l’optimisme et l’engagement chez les rongeurs
Les résultats, publiés dans la revue Translational Psychiatry, montrent que les rats ayant reçu de la psilocybine ont affiché des signes accrus d’optimisme sur le long terme alors qu’ils accomplissaient des tâches basées sur la récompense. Concrètement, les rongeurs se sont montrés plus motivés à explorer leur environnement et à accomplir des actions pour obtenir des gratifications. Autrement dit, la psilocybine aurait permis d’"augmenter l’engagement [et] l’optimisme" de l’animal, selon un communiqué des chercheurs.
D’après eux, la substance pourrait donc offrir une nouvelle voie pour traiter les symptômes de dépression, qui incluent souvent "l’apathie, le désengagement, le retrait social" et, plus généralement, "une vision pessimiste de l’avenir". "Ces résultats mettent en évidence les mécanismes potentiels par lesquels la psilocybine pourrait modifier les circuits cérébraux et accroître l’optimisme chez les animaux, et, espérons-le, chez les humains aussi", notent les scientifiques.
Un espoir pour les patients dépressifs ?
Cette étude pourrait avoir des implications majeures pour les personnes souffrant de dépression, un trouble psychiatrique qui touche des millions de personnes à travers le monde (dont trois en France), notamment pour celles qui souffrent de dépression résistante au traitement, c’est-à-dire qui ne répondent pas à au moins deux antidépresseurs. "Les effets observés sur l'optimisme chez les rats vont nous aider à comprendre qui pourrait bénéficier de ces thérapies à base de psilocybine, et inversement, à identifier ceux pour qui ces traitements ne seraient pas efficaces", assurent les auteurs.
Les psychédéliques d’aujourd’hui seraient-ils donc les antidépresseurs de demain ? Pourquoi pas, si tant est qu’il y a un cadre médical. En effet, une étude de 2021 avait déjà noté que la psilocybine, qui cible dans le cerveau certains récepteurs de sérotonine agissant sur l’humeur et l’anxiété, pouvait être aussi efficace qu’un antidépresseur... à condition que les patients suivent une session de psychothérapie en parallèle. Le psychédélique permet "une libération de la pensée et du sentiment qui, lorsqu’ils sont guidés par la psychothérapie, produisent des résultats positifs", avait conclu la recherche.