- Les aliments ultra-transformés sont souvent critiqués pour leur impact sur la santé, mais leur transformation n'est pas forcément synonyme de mauvaise qualité.
- Des exemples comme les haricots en conserve montrent qu'ils peuvent être riches en fibres et en protéines végétales, tout en étant faibles en gras et en calories. De plus, certaines techniques permettent de réduire sucre et sel tout en maintenant le goût.
- "Si les spécialistes se concentrent sur la création d'aliments ultra-transformés abordables et nutritifs, ils pourraient faire partie de la solution à la crise de l'obésité, plutôt que de la cause."
Pratiques, abordables et conçus pour être savoureux, mais souvent riches en sucre, sel et graisses saturées, tout en étant pauvres en nutriments essentiels : les produits industriels ultra-transformés sont aujourd’hui accusés de provoquer toute une série de problèmes de santé, de l'obésité aux maladies cardiaques en passant par le déclin cognitif. Mais à quel point sont-ils tous responsables ? Tous les produits ultra-transformés sont-ils véritablement nocifs pour notre santé ? C’est la question que s’est posé David Benton, auteur et chercheur en médecine à l’Université de Swansea (Royaume-Uni) dans un article publié dans The Conversation.
Des avantages à l’ultra-transformation des aliments
Le terme "ultra-transformé" désigne les aliments qui subissent un traitement industriel intense et qui contiennent souvent plusieurs ingrédients ajoutés. Si, dans certains pays comme le Portugal, ces aliments représentent 10 % de l’alimentation, ils comptent pour 50 % au Royaume-Uni et jusqu'à 76 % aux États-Unis. "Mais est-ce le fait qu'ils soient ultra-transformés qui est problématique, ou bien leur faible teneur en nutriments et leur haut niveau de calories ?", relève le scientifique.
Par exemple, les haricots en conserve, bien que considérés comme ultra-transformés, sont riches en fibres et en protéines végétales, tout en étant faibles en gras et en calories, bref, bons pour la santé. Certaines études suggèrent que les maladies liées aux aliments ultra-transformés, tels que l'obésité, pourraient être dues à une surconsommation de calories plutôt qu'au processus de transformation en lui-même.
L'ultra-transformation peut aussi être utilisée à bon escient, d’après David Benton. Au Royaume-Uni, la réglementation impose depuis des décennies l’enrichissement de certains aliments en nutriments essentiels comme le calcium, le fer et les vitamines. En 2022, le gouvernement a notamment décidé d’ajouter de l’acide folique à la farine, une mesure visant à prévenir certaines malformations congénitales. "Les céréales de petit-déjeuner, souvent critiquées pour leur teneur en sucre, peuvent également stimuler l'apport en nutriments essentiels tels que les vitamines B2, B12, B9 et le fer."
A quand des aliments ultra-transformés nutritifs ?
"Les scientifiques de l'alimentation travaillent actuellement à rendre les aliments ultra-transformés plus sains", assure David Benton. Une technique consiste à réduire le sucre en le rendant plus sucré plus rapidement, ce qui signifie qu’une quantité moindre de sucre est nécessaire pour obtenir le même goût. Une autre méthode est d’augmenter la vitesse à laquelle le sel est libéré des aliments, ce qui rend "accélère" son goût et réduit donc la consommation. On peut aussi mentionner la création de hamburgers à base de légumes, quasiment indiscernables de leurs homologues à la viande, mais qui contiennent moins de calories.
Le chercheur conclut : "Ces types d'innovations montrent que l'ultra-transformation ne signifie pas nécessairement des aliments malsains et riches en calories – il s'agit de choix industriels faits lors de la production. Si les spécialistes se concentrent sur la création d'aliments ultra-transformés abordables et nutritifs, ils pourraient faire partie de la solution à la crise de l'obésité, plutôt que de la cause."