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Grossesse : les spermatozoïdes défectueux doubleraient le risque de pré-éclampsie

Par Mégane Fleury

Les spermatozoïdes peuvent présenter des défauts, comme des ruptures de brin d’ADN : cela accroît le risque de complications lors de la grossesse, dont la pré-éclampsie. 

SciePro/ISTOCK
La pré-éclampsie fait partie des complications possibles de la fécondation in vitro.
Elle pourrait être liée à des défauts dans les brins d'ADN des spermatozoïdes.
Cela pourrait être détecté lors des tests de fertilité et pris en charge grâce à des traitements.

La pré-éclampsie fait partie des complications possibles en cas de fécondation in vitro. Comme le rappelle l’Inserm, cette maladie fréquente au cours de la grossesse provoque une augmentation de la pression artérielle et de la quantité de protéines dans les urines. Elle peut engendrer des retards de croissance dans l’utérus et des naissances prématurées. Les scientifiques peinent à comprendre le lien entre le risque de pré-éclampsie et la fécondation in vitro. Dans Fertility and Sterility, des chercheurs de l’université de Lund en Suède présentent leurs conclusions à ce sujet : selon eux, des défauts dans les spermatozoïdes pourraient expliquer cette élévation du risque. 

Comment évaluer les défauts des spermatozoïdes ? 

D’après les auteurs, 20 à 30 % des bébés nés par la fertilisation in vitro sont issus de spermatozoïdes dits défectueux, car l’ADN présent dans le sperme est endommagé. Cela est attesté par les niveaux élevés de fragmentation de l’ADN. Ces derniers sont mesurés grâce à l'indice de fragmentation de l'ADN (DFI), qui calcule la quantité de ruptures de brin dans l’ADN. "Bien que les techniques in vitro actuelles permettent aux hommes avec un DFI élevé de devenir des pères, jusqu'à présent, très peu de choses sont connues sur l'impact de la fragmentation de l'ADN sur la grossesse et la santé du bébé", observent les auteurs. Cette donnée n’est pas toujours collectée lors des analyses de fertilité. 

Pré-éclampsie, naissance prématurée : des ruptures de brin d’ADN aux conséquences multiples 

"Étant donné que la moitié de l'ADN du placenta provient du père, et que le développement et la fonction placentaire jouent un rôle central dans la prééclampsie, nous voulions déterminer si un pourcentage élevé de dommages à l'ADN dans le sperme a affecté le risque de pré-éclampsie", explique Aleksander Giwercman, l’un des co-auteurs. Pour leurs travaux, les scientifiques suédois ont recruté 841 couples, passés par un processus de fécondation in vitro. Ils ont constaté qu’un DFI de plus de 20 % doublait le risque que de prééclampsie et augmentait le risque de naissance prématurée. "Dans le groupe de FIV avec un DFI inférieur à 20 %, il y avait un risque de 4,8 % de prééclampsie, qui est comparable aux grossesses qui se produisent naturellement", soulignent-ils. 

Mieux prévenir le risque de pré-éclampsie en cas de fécondation in vitro

Face à ces résultats, les auteurs estiment que l’analyse DFI devrait être systématique pour les couples désirant avoir un enfant. "Cela peut donner des réponses à des couples, afin de leur expliquer pourquoi ils n’arrivent pas à avoir un enfant et cela peut influencer la méthode choisie en cas d’aide à la procréation", précisent-ils. Les scientifiques soulignent que la forte fragmentation de l’ADN dans les spermatozoïdes n’est pas inéluctable : il existe des traitements permettant de la prévenir ou de la soigner. "L'étape suivante consiste à identifier quel groupe d'hommes répond le mieux aux méthodes pour prévenir et traiter les dommages à l'ADN du sperme, conclut Amelie Stenqvist, co-autrice de l’étude. Puis, nous pourrons tester ces techniques afin de prévenir les complications de la grossesse."