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Cerveau

Troubles anxieux : des anomalies dans les synapses en cause ?

Par Sophie Raffin

Un dérèglement de la transmission synaptique pourrait être à l’origine de troubles anxieux, selon une nouvelle étude.

iLexx/istock
Une nouvelle étude montre que le dérèglement de la transmission synaptique dans le cerveau entraîne certaines anomalies comportementales chez la souris, comme une forte anxiété.
C'est un complexe protéique, appelé «TrkC-PTPσ», qui est au coeur du phénomène.
Cette découverte pourrait ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques.

Selon l’INSERM, 21 % des adultes sont touchés par un trouble anxieux au cours de leur vie. Mais malgré cette prévalence importante, l'origine de ces difficultés psychiques reste assez mystérieuse. Mais des chercheurs de l’université de Montréal viennent de faire une avancée intéressante sur ce point.

Selon eux, les troubles anxieux pourraient être liés à une anomalie dans l’organisation des synapses. C’est-à-dire les points de jonction entre deux neurones qui assurent la transmission des informations de l'une à l'autre.

Trouble anxieux : des dysfonctionnements dans les synapses en cause

De précédents travaux avaient mis en lumière l’existence d’un complexe protéique au sein de la transmission synaptique, nommé «TrkC-PTPσ» dont certains gènes sont associés aux troubles anxieux et à l’autisme. L’équipe québécoise a voulu identifier les mécanismes de ce lien.

Ainsi pour cette nouvelle étude publiée dans la EMBO Journal, les chercheurs ont suivi des souris porteuses de certaines mutations génétiques qui désorganisent justement le complexe TrkC-PTPσ. Ils ont alors compris que le complexe protéique assure la maturation structurelle et fonctionnelle des synapses excitatrices en contrôlant la phosphorylation. Il s’agit d’un processus biochimique qui modifie l’activité de nombreuses protéines des synapses.

Second constat : les souris ayant un dérèglement du TrkC-PTPσ, avaient un comportement différent des autres. Ces rongeurs présentaient une forte anxiété par rapport aux autres. Par exemple, elles avaient plus tendance à avoir un comportement d’évitement dans des conditions peu familières ou encore des troubles de comportement social.

Des images à haute résolution du cerveau de ces animaux ont permis de déceler une anomalie dans l’organisation des synapses. Des examens plus poussés ont mis en évidence qu'il y avait un plus grand nombre de synapses inactives qui acheminaient mal les signaux.

Synapse et trouble anxieux : une nouvelle piste thérapeutique

Pour les chercheurs, la découverte du rôle du TrkC-PTPσ dans l’organisation des synapses et les mécanismes de phosphorylation des protéines ainsi que son lien avec des traits anxieux, ouvre la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques.

Le Dr Hideto Takahashi, directeur de l'étude, explique dans un communiqué : "Cette étude comporte deux volets importants. D’une part, elle dévoile de nouveaux mécanismes de connexion moléculaire entre les cellules du cerveau. D’autre part, elle nous permet d’élaborer un nouveau modèle animal des troubles anxieux apparentés au trouble panique et à l’agoraphobie, ce qui nous aidera à mettre au point de nouvelles stratégies thérapeutiques."