Si je vous demande quelle période de votre vie a été la plus difficile “socialement”… il y a de grandes chances que vous répondiez : l’adolescence. Et pourtant une étude montre que les liens amicaux tissés à cette époque façonnent le bien-être futur.
Les chercheurs américains ont détaillé leur découverte dans la revue Frontiers in Developmental Psychology.
Bien-être : différents liens amicaux essentiels à des périodes différentes
"Les amitiés durant l’adolescence sont pour les jeunes l’une de leurs premières incursions dans des relations intimes consensuelles", précise le Dr David Szwedo, auteur correspondant de l’étude, dans un communiqué. "Comme les amis peuvent aller et venir, les amitiés constituent un contexte dans lequel les adolescents doivent développer des compétences pour maintenir et développer l’amitié ou risquer de la perdre. Ces compétences sont susceptibles de s’avérer utiles par la suite pour nouer de futures amitiés et des relations amoureuses à long terme."
Face à ce constat, le spécialiste et ses collègues ont recruté 184 adolescents âgés de 13 à 14 ans. Au début de l’étude ainsi que quatre ans plus tard, ils les ont interrogés sur la qualité de leurs amitiés, leur acceptation sociale à l'école ou leur sympathie rapportée par leurs pairs. Plusieurs années plus tard, l’équipe a retrouvé ces jeunes volontaires alors qu’ils approchaient la trentaine. Elle les a alors questionnés sur leur santé physique et mentale, leur satisfaction professionnelle, leur insécurité amoureuse et leur expérience de l’agressivité.
L’analyse de l’ensemble des données recueillies au fil des années montre que l’acceptation sociale perçue était le meilleur indicateur du bien-être en grandissant. Les adultes qui pensaient être appréciés par leurs camarades à l’adolescence, affichaient des niveaux d’anxiété sociale et d’agressivité plus faibles ainsi qu’une meilleure santé physique que les autres. Ces derniers présentaient aussi une meilleure satisfaction professionnelle et amoureuse.
Toutefois, en étudiant séparément les données au début et en fin d’adolescence, les scientifiques ont remarqué deux points distincts. Si la perception de l’acceptation sociale était bien l’élément permettant de prédire plus efficacement le bien-être à l'âge adulte, la qualité des amitiés proches était un meilleur indicateur chez les 17/18 ans.
"La différence entre les deux stades de l’adolescence suggère également que le timing est essentiel. Si la perception de soi-même en matière de réussite peut empêcher les jeunes adolescents de développer une anxiété sociale et contribuer à prévenir une santé dégradée liée au stress, des niveaux plus faibles d’acceptation sociale à la fin de l’adolescence ne prédisent pas les résultats en matière de santé", précisent les auteurs dans leur communiqué.
Amitiés à l’adolescence : il faut être attentif
Cette étude met en lumière le rôle essentiel de l’amitié dans le développement social et psychique à l’adolescence. Toutefois, le Dr David Szwedo rappelle : "il est toujours utile de garder à l’esprit que des études comme celle-ci mettent en évidence des choses qui se produisent en moyenne et que les choses peuvent être différentes pour chaque enfant ou adolescent".
Néanmoins, il faut être vigilant. "Cette étude renforce l’importance pour les parents d’être conscients de la vie sociale de leurs enfants en discutant avec eux, en discutant avec leurs enseignants et en sachant à qui ils parlent en ligne. Il est utile que les parents demandent non seulement qui sont les amis de leurs adolescents, mais aussi dans quelle mesure, ils se sentent acceptés socialement."