"Pendant des années, les chercheurs ont étudié le métabolisme des graisses, mais il a été difficile de trouver un moyen efficace de bloquer l’absorption des graisses", explique le Dr Wentao Shao, chercheur à l’université de Tongji (Chine).
Si la plupart des travaux ont jusque-là porté sur la réduction de l’apport en graisses alimentaires, le scientifique et son équipe ont décidé de se concentrer sur le processus d’absorption des graisses par l’organisme. Ils ont ainsi développé une thérapie qui délivre des molécules aidant à réduire l'absorption des graisses directement dans le tube digestif grâce à des nanoparticules.
Ils l'ont présentée à l'United European Gastroenterology (UEG) Week 2024 qui se tient à Vienne du 12 au 15 octobre 2024.
Les nanoparticules transportent le traitement jusqu’aux intestins
L’équipe a développé une minuscule capsule en utilisant des nanoparticules qui est capable de transporter de petits ARN interférents (baptisé siRNA) vers l’intestin grêle. Ces derniers peuvent réduire l’expression d’une enzyme appelée stérol O-acyltransférase 2 (SOAT2), connue pour participer à l’absorption des graisses.
Des tests menés sur des rongeurs ont montré que les animaux traités avec cette thérapie par nanoparticules ont absorbé moins de graisses que les autres. Ils avaient aussi moins de risque de développer une obésité, et cela, même si on leur servait un régime riche en graisses.
"Ce traitement par voie orale offre plusieurs avantages", assure le Dr Shao. "Il est non-invasif, présente une faible toxicité et présente un potentiel élevé d’amélioration de l’observance du traitement par les patients par rapport aux traitements actuels contre l’obésité, qui sont souvent invasifs ou difficiles à maintenir. Cela en fait une alternative prometteuse."
Obésité : ce traitement ne met pas le foie en danger
Cette recherche a aussi permis de mieux comprendre comment l’enzyme SOAT2 régule l'absorption des graisses. "L'inhibition de SOAT2 dans l'intestin grêle déclenche la dégradation de CD36, une protéine responsable du transport des graisses. Ce processus implique à la fois un stress cellulaire et le recrutement de la ligase E3 RNF5, une enzyme qui améliore la dégradation de CD36", écrivent les auteurs dans leur communiqué.
Par ailleurs, comme le précise le professeur Zhaoyan Jiang, directeur de l'étude, le nouveau traitement cible l’enzyme au niveau des intestins, et non du foie. "C’est important, car des études antérieures ont montré que le blocage de SOAT2 dans le foie peut entraîner une accumulation de graisses à cet endroit – un risque que notre traitement évite en se concentrant uniquement sur SOAT2 intestinal."
Si les résultats sont prometteurs, la mise sur le marché du traitement n’est pas encore prévue. L’équipe doit encore le tester sur des animaux plus grands afin de confirmer son efficacité et sa sécurité en vue d’une utilisation potentielle chez l’Homme.