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QUESTION D'ACTU

131 millions de boîtes vendues en 2012

Anxiété, insomnie : la consommation des benzodiazépines repart à la hausse

Trop prescrits et pendant trop longtemps en dépit de leurs effets secondaires, la consommation de benzodiazépines est repartie à la hausse en 2012, alerte l’ANSM.

Anxiété, insomnie : la consommation des benzodiazépines repart à la hausse JAUBERT/SIPA




Les crises passent mais les Français ne se détournent visiblement pas de tous les médicaments. L’Agence nationale de sécurité du médicament s’alarme de la hausse de consommation des benzodiazépines. Selon l’état des lieux qu’elle publie aujourd’hui, 11,5 millions de Français, c'est à dire 1 sur 6, a consommé au moins une fois au cours de l’année 2012 ce type de médicaments psychotropes prescrits pour le traitement de l’anxiété, des troubles sévères du sommeil, de l’épilepsie ou des contractures musculaires douloureuses (NDLR : seul le Myolastan correspondait à cette dernière indication mais il a été retiré du marché en juillet 2013 en raison d’effets indésirables cutanés graves).Profil type du consommateur selon l’état des lieux de l’ANSM : une femme, âgée de 56 ans, souffrant de troubles anxieux ou du sommeil, à laquelle son médecin généraliste a prescrit une benzodiazépine.

Xanax, Stilnox, Lexomil, Rivotril, il existe 22 benzodiazépines différentes présentes dans bon nombre d’armoires à pharmacie familiales. En 2012, 131 millions de boîtes ont été vendues, ce qui représente près de 4% de la consommation nationale totale de médicaments. En 2009, la France était déjà le deuxième pays consommateur de benzodiazépines en Europe, après le Portugal pour l’indication troubles anxieux et après la Suède pour celle des troubles du sommeil.

Niveaux de consommation des hypnotiques (N05C) dans certains pays européens en 2009. Les données de consommation identifiées ont été rapportées au nombre de doses définies journalières (DDJ) pour 1 000 habitants par jour soit le nombre de patients pour 1 000 habitants et par jour.


Ce qui inquiète les autorités sanitaires, c’est que le nombre d’utilisateurs diminue tandis que la consommation en nombre de boîtes augmente, signe que le nombre de médicaments consommés par chaque patient augmente. Or la consommation de benzodiazépines était déjà largement en dehors des clous en France. Alors que nous ne sommes ni plus anxieux ni plus insomniaques que nos voisins, ce type de médicament est recommandé en cure courte, par exemple pas plus de 4 semaines en cas de troubles du sommeil et 12 semaines maximum dans le traitement des troubles anxieux, les données de l’Assurance maladie montrent des utilisations moyennes de 4 à 5 mois et une proportion importante de Français consommant quotidiennement ces molécules depuis plusieurs années.

 

Contrairement à ce que leur usage courant pourrait laisser penser, les benzodiazépines sont loin d’être des médicaments anodins. Proportionnellement aux doses consommées, elles exposent à un risque de dépendance, à des effets indésirables neuropsychiatrique comme des troubles de la mémoire ou du comportement et une altération de l’état de conscience. Ces molécules accroissent donc significativement le risque d’accidents de la route. La préoccupation des autorités sanitaires concerne particulièrement les personnes âgées dont l’organisme a tendance à accumuler le médicament, potentialisant les effets indésirables. Chez les séniors, les benzodiazépines sont donc responsables de chutes et perturbent la mémoire. Des études récentes ont également évoqué le lien entre consommation au long cours de benzodiazépines et survenue d’une démence.

 
Consommation totale de benzodiazépines et apparentées de 2000 à 2012. Les données de consommation identifiées ont été rapportées au nombre de doses définies journalières (DDJ) pour 1 000 habitants par jour soit le nombre de patients pour 1 000 habitants et par jour


Cette prescription larga manu des benzodiazépines est une maladie chronique du système de santé français. En 1996 déjà, le psychiatre Edouard Zarifian avait, dans un rapport très médiatisé, tiré la sonnette d’alarme sur leur surconsommation. En 2006, nouveau rapport du pharmacologue Bernard Bégaud remis au Sénat appelant à « revenir au bon usage des médicaments psychotropes ». Et les autorités sanitaires ne se sont pas contentées d’empiler les rapports. La Haute autorité de Santé mène depuis 2007 un programme pour réduire les prescriptions de benzodiazépines chez les plus de 65 ans, dont la moitié seraient inapropriées. En décembre 2012, l’ANSM adressait déjà aux prescripteurs une mise en garde pour réduire cette surconsommation. Visiblement, le message ne passe pas. Pour lutter contre la banalisation de ces médicaments, l’ANSM prévoit donc de consulter rapidement médecins et pharmaciens pour établir un plan d’actions et de nouvelles mesures pour le courant de l’année 2014.

 

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