ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Un peu de café pendant la grossesse ne nuit pas au cerveau du bébé

Neurodéveloppement

Un peu de café pendant la grossesse ne nuit pas au cerveau du bébé

Par Stanislas Deve

La consommation modérée de café des mères pendant la grossesse ne serait pas associée à des troubles neurodéveloppementaux chez l'enfant, selon une étude norvégienne basée sur 71.000 familles.

Eva Blanco / istock
Les chercheurs ont examiné les données de plus de 71.000 familles norvégiennes afin d’évaluer les effets de la consommation de café pendant la grossesse sur le développement neurologique des enfants.
L’analyse génétique n’a trouvé que "peu de preuves d’un lien direct entre la consommation de café pendant la grossesse et les troubles neurodéveloppementaux des enfants".
L'American College of Obstetricians and Gynecologists estime qu'une consommation modérée de caféine pendant la grossesse, soit moins de 200 mg par jour (l’équivalent de deux tasses de café filtre), ne présente pas de risque accru de fausse couche ou de naissance prématurée.

Pour beaucoup, la tasse de café matinale est non négociable. Mais pour les futures mamans, ce petit rituel peut s'accompagner de doutes et d'inquiétudes : le café peut-il avoir un impact sur le développement du bébé ? Une nouvelle étude venue de Norvège, publiée dans la revue Psychological Medicine, vient d’apporter quelques réponses rassurantes aux femmes enceintes qui se posent la question.

Consommation de café et neurodéveloppement des enfants

Les chercheurs des universités de Queensland et d’Oslo ont examiné les données de plus de 71.000 familles norvégiennes afin d’évaluer les effets de la consommation de café pendant la grossesse sur le développement neurologique des enfants. En Scandinavie, où la consommation de café est l'une des plus élevées au monde, il est courant que les femmes enceintes boivent plusieurs tasses par jour. L’objectif était de voir si les habitudes de consommation des mères pendant la grossesse pouvaient influencer le neurodéveloppement de leurs petits, jusqu’à l’âge de 8 ans.

À première vue, les résultats semblaient confirmer les craintes de nombreuses femmes enceintes : une consommation élevée de café était associée à des difficultés neurodéveloppementales chez les enfants, notamment des problèmes de communication sociale, d’attention et d’hyperactivité. Mais en creusant davantage, les chercheurs ont découvert que la plupart de ces associations disparaissaient lorsqu’ils prenaient en compte d’autres facteurs comme le tabagisme, la consommation d’alcool, le niveau d’éducation ou encore les revenus.

Pour aller plus loin, l’équipe a utilisé une technique génétique sophistiquée appelée "randomisation mendélienne", qui permet de mieux isoler les effets de la caféine sur le développement de l’enfant en se basant sur des variantes génétiques liées à la consommation de café. "L’idée est d’ignorer l’effet de différents facteurs pendant la grossesse, comme l’alcool, le tabac ou le régime alimentaire, et de ne se concentrer que sur la caféine", précise un communiqué. Sans compter que cette approche imite les effets d’un essai clinique contrôlé sans pour autant exposer les mères et les bébés à des risques inutiles.

200 à 300 mg de caféine par jour pour les femmes enceintes

Résultat, l’analyse génétique n’a trouvé que "peu de preuves d’un lien direct entre la consommation de café pendant la grossesse et les troubles neurodéveloppementaux des enfants". Une légère association avec des difficultés de communication sociale a été observée chez les enfants de huit ans, mais les chercheurs estiment que d'autres facteurs que le café pourraient être en cause.

Si aucune association significative n’a été trouvée entre la consommation de café et le neurodéveloppement du bébé, il s’agit toutefois de ne pas en abuser. Les résultats de cette étude concordent finalement avec les recommandations sanitaires actuelles. L'American College of Obstetricians and Gynecologists estime par exemple qu'une consommation modérée de caféine pendant la grossesse, soit moins de 200 mg par jour (l’équivalent de deux tasses de café filtre), ne présente pas de risque accru de fausse couche ou de naissance prématurée. L’Organisation mondiale de la Santé, de son côté, recommande un maximum de 300 mg de caféine par jour.