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Facteur de risque

Cancer du sein à la ménopause : un excès de graisse corporelle en cause dans 40 % des cas

Par Sophie Raffin

Selon une nouvelle étude espagnole, environ 40 % des cancers du sein hormono-positifs survenant après la ménopause seraient liés à un excès de graisse corporelle.

Nattakorn Maneerat/istock
Environ 40 % des cancers du sein hormono-positifs survenant après la ménopause peuvent être liés à un excès de graisse corporelle, selon une nouvelle étude.
Les chercheurs ont mis en évidence ce lien en utilisant une mesure prenant en compte la graisse corporelle appelée CUN-BAE plutôt que l'IMC.
Les scientifiques recommandent l'utilisation de mesures plus précises pour bien quantifier la graisse abdominale.

L’impact de l’obésité sur le risque de développer un cancer du sein après la ménopause est sous-estimé, selon des chercheurs espagnols. Leurs travaux, publiés dans la revue Journal of Epidemiology & Community Health, révèlent que 40 % des cancers du sein hormono-positifs post-ménopausiques sont attribuables à l'excès de graisse corporelle.

Cancer du sein : un excès de graisse abdominale augmente le risque

L’Indice de Masse Corporelle est l’indice le plus utilisé pour évaluer l’obésité ou non d’une personne. En s’appuyant sur ce critère, la littérature scientifique estime qu’une tumeur mammaire maligne sur 10 est liée à l’excès de poids. Mais les chercheurs savent que l’IMC n’est pas une mesure très précise concernant la graisse abdominale, car il ne tient pas compte de l'âge, du sexe ou de l'origine ethnique.

Ainsi pour avoir une vision plus précise de l’impact de ce facteur sur les risques de cancer, ils ont décidé d’utiliser le CUN-BAE (Clínica Universidad de Navarra-Body Adiposity Estimator), une mesure de la graisse corporelle qui tient compte de l'âge et du sexe sur 1.033 femmes ménopausées souffrant d’un cancer du sein et 1.143 participantes du même âge et en bonne santé.

Toutes les volontaires ont été interrogées sur les différents aspects de leur quotidien comme leur hygiène de vie, leur niveau social, leur alimentation, leurs antécédents médicaux et reproductifs personnels et familiaux.

L’analyse des données montre que 20,5 % des femmes en bonne santé avaient un CUN-BAE inférieur à 35 % (indice normal concernant la graisse corporelle) alors qu’elles n’étaient que 16 % parmi le groupe touché par le cancer du sein.

En parallèle, 53 % des patientes ayant une tumeur mammaire maligne affichaient un CUN-BAE de 40 % ou plus (excès de graisse corporelle) tandis que le taux était 46 % dans le groupe en bonne santé. Les chercheurs ont aussi remarqué qu’un CUN-BAE de 45 % ou plus était associé à un risque de cancer du sein post-ménopausique plus que doublé par rapport à un CUN-BAE "normal".

"Aucune tendance similaire n'a été observée pour l'IMC. Ce qui a incité les chercheurs à estimer que 23 % des cas de cancer du sein étaient attribuables à l'excès de graisse corporelle en utilisant l'IMC, mais 38 % en utilisant le CUN-BAE",  précisent les auteurs dans leur communiqué.

Cancer et ménopause : il faut utiliser des mesures plus fiables

Après la lecture des résultats de leurs travaux, les chercheurs assurent que "l'excès de graisse corporelle est un facteur de risque important de cancer du sein positif aux récepteurs hormonaux chez les femmes ménopausées". Pour eux, l'impact d’un excès de graisse corporelle pourrait “être sous-estimé lors de l'utilisation des estimations traditionnelles de l'IMC”.

Ainsi, les scientifiques recommandent que "des mesures plus précises de la graisse corporelle, telles que le CUN-BAE, soient prises en compte lors de l'estimation du fardeau du cancer attribuable à l'obésité dans le cancer du sein post-ménopausique". Une meilleure prise en compte de l’impact de la graisse abdominale sur les risques de cancer permettrait de planifier des initiatives de prévention plus efficaces.