Cancer, maladie cardiaque, dépression… l’isolement social est lié à de nombreux troubles de santé dans la littérature scientifique. Il pourrait, aussi, avoir un impact sur la qualité des repas.
Une étude, publiée dans la revue Age and Ageing, révèle que les personnes âgées socialement isolées sont plus susceptibles d'avoir un apport insuffisant en micronutriments clé. Ce qui augmente leur risque de problèmes de santé et de carence.
Isolement : un apport insuffisant pour 5 nutriments
Souhaitant évaluer l’impact de l’isolement sur l’alimentation, les chercheurs ont suivi 3.713 personnes au Royaume-Uni âgées de 50 ans et plus. Les participants ont rempli un questionnaire détaillé sur ce qu'ils mangeaient et buvaient au cours de deux jours distincts. Leur degré d’isolement social et leur sentiment de solitude ont également été évalués.
L’analyse des données a montré que les personnes qui étaient plus isolées socialement, étaient plus susceptibles d'avoir un apport inférieur à celui recommandé de cinq micronutriments essentiels à la santé : le magnésium, le potassium, la vitamine C, le folate (aussi appelé vitamine B9) et la vitamine B6. Ces derniers se trouvent généralement dans les fruits, les légumes, les légumineuses ou encore le poisson. Les résultats semblent donc indiquer que les répondants isolés ne mangent pas une quantité suffisante de ces aliments.
La conclusion de l'équipe est plutôt préoccupante, car ces micronutriments sont essentiels à la santé. En effet, le magnésium et le potassium participent à la formation et au maintien de la masse osseuse. Un manque de vitamines B9 ou B6 est lié à un risque accru de maladie cardiovasculaire et de déclin cognitif tandis que la vitamine C participe à de nombreux processus comme la cicatrisation, la consolidation des tissus ainsi que le renforcement du système immunitaire.
Carence en vitamines : le sentiment de solitude n’a pas d’impact
En revanche, l'isolement social n'était pas lié à une probabilité plus élevée de carence de calcium, de fer et de vitamine B12, des micronutriments présents dans la viande, les œufs et les produits laitiers. L’étude avance ainsi que les personnes qui sont moins connectées socialement, pourraient être plus susceptibles d'avoir une alimentation “traditionnelle”, avec moins de légumes, de fruits, de noix, de graines et de légumineuses.
Autre constat de l’équipe : si l’isolement social a un impact sur le contenu de l’assiette, les données montrent que le sentiment de solitude n’est pas lié à un apport plus faible en micronutriments.
Pour les chercheurs, cela suggère qu'une consommation plus faible d’aliments abritant ces vitamines n'était pas liée à l'aspect émotionnel de l'isolement, mais aux conséquences pratiques d'avoir moins de connexions. Par exemple, les individus isolés socialement n’ont pas de cercle de proches pouvant les informer sur une alimentation saine ou encore les aider à préparer des repas nutritifs.
"Une alimentation variée avec suffisamment d'aliments à base de plantes (fruits, légumes, légumineuses, noix et graines, céréales complètes) et du poisson est importante pour aider à maintenir un corps et un esprit sains. L'accès à ces produits doit être garanti et la promotion de leur consommation est particulièrement importante chez les personnes âgées qui vivent seules ou isolées", prévient la Dr Camille Lassale, co-auteure de la recherche, dans un communiqué.