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Cœur

Chirurgie cardiaque : les femmes sont plus susceptibles de mourir d’une complication

Par Sophie Raffin

Les femmes ont plus de risque de mourir d’une complication postopératoire après avoir subi une chirurgie cardiaque que les hommes, selon une nouvelle étude.

Thailand/istock
Les hommes et les femmes ont eu un taux de complications similaire après une opération. Il est d'environ 15 %.
En revanche, les femmes ont plus de risque d'en mourir que les hommes.
Cela pourrait, entre autres, être lié à une prise en charge plus tardive des complications.

Si le taux de complication après une opération cardiaque est similaire chez les hommes et les femmes, la gent féminine a un risque plus important de mourir d’une complication. Après avoir mis en évidence ce phénomène, les chercheurs de l’université du Michigan avancent plusieurs hypothèses pouvant l’expliquer.

Leurs travaux ont été publiés dans la revue JAMA Surgery, le 16 octobre 2024.

Opération du cœur : plus de femmes meurent de complications

Pour avoir une meilleure vision des risques opératoires après une chirurgie cardiovasculaire, les scientifiques ont étudié les dossiers de plus de 850.000 cas de malades qui ont subi une chirurgie cardiaque à haut risque – y compris le pontage cardiaque, la réparation d'anévrisme aortique et la réparation de la valve mitrale et aortique – entre 2015 et 2020.

Les analyses ont montré que les hommes et les femmes ont eu un taux de complications similaires après une opération. Il est d'environ 15 %. Les troubles les plus fréquents pour les deux sexes étaient l'insuffisance rénale, la pneumonie et l'insuffisance pulmonaire.

En revanche, les patientes ont été plus nombreuses à mourir de ces complications dans les 30 jours. En effet, les équipes chirurgicales n'ont pas réussi à les sauver 10,7 % du temps. À titre de comparaison, le taux était de 8,6 % parmi la gent masculine.

Complication postopératoire : les femmes identifiées plus tard que les hommes ?

Pourquoi les femmes meurent-elles plus de complications après une opération cardiaque, si elles présentent un taux de troubles postopératoires semblable aux hommes ? Le co-auteur Dr Gorav Ailawadi avance une hypothèse dans un communiqué : "Dans notre étude, les patientes avaient un taux de réopération (une deuxième opération dans les jours suivant la première, NDLR) plus faible que les hommes, explique l’expert. Cela n'est peut-être pas dû à un besoin moindre de réopération : cela pourrait plutôt être un signe que leurs complications n'ont pas été traitées de manière appropriée."

D’autres facteurs compliquent aussi la prise en charge : les femmes sont en moyenne plus âgées lorsqu'elles sont opérées et ont plus de comorbidités que les hommes. En outre, leur anatomie et la taille de leurs vaisseaux sont plus petites. Ce qui peut rendre la chirurgie plus difficile techniquement. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que des recherches antérieures ont démontré que les symptômes de maladie cardiovasculaire courante, comme la crise cardiaque et l'accident vasculaire cérébral, sont plus souvent soit manqués, soit moins pris au sérieux pour les patientes.

Pour le co-auteur Dr Andrew Ibrahim, les résultats de cette étude offrent des informations essentielles pour améliorer la prise en charge des femmes. "En plus de réduire les complications dans l'ensemble, nous devons nous concentrer sur ce qui se passe après qu'une complication se produit. De même, nous avons l'occasion après la chirurgie d'améliorer la reconnaissance précoce lorsqu'une patiente a une complication avant que son état n'empire au point où nous ne pouvons pas la sauver. L'amélioration de la reconnaissance et de la réponse aux complications postopératoires, en particulier pour les femmes, est nécessaire pour réduire les disparités de longue date sur les résultats après une chirurgie à haut risque."

Dr Catherine M. Wagner, première auteure, ajoute qu’il faudrait poursuivre les recherches sur les différences entre les sexes dans le monde du soin pour "lutter contre la négligence de longue date de la santé des femmes et identifier les mécanismes sous-jacents qui, s'ils sont abordés, peuvent améliorer les résultats pour tous les patients".