En cherchant à évaluer l'intérêt de la méditation dans la gestion des douleurs chroniques du bas du dos, une équipe de l’université de Californie San Francisco a remarqué que les hommes et les femmes n'utilisaient pas les mêmes systèmes biologiques pour soulager la douleur. Ce qui pourrait expliquer pourquoi la gent féminine répond moins bien aux traitements aux opioïdes.
La découverte a été détaillée dans la revue PNAS Nexus, le 14 octobre 2024.
Pas les mêmes voies contre la douleur selon le sexe
Lors de cette étude sur la douleur et la méditation, les chercheurs ont réuni 98 volontaires, dont 51 femmes. Certains participants étaient en bonne santé tandis que d’autres avaient été diagnostiqués avec des douleurs chroniques dans le bas du dos. Ils ont tous suivi un programme de formation à la méditation, puis l’ont pratiquée tout en recevant soit un placebo, soit une forte dose de naloxone, un médicament qui empêche les opioïdes synthétiques et endogènes d'agir.
Lors de l’essai, les participants recevaient un stimulus thermique douloureux, mais inoffensif à l'arrière de la jambe. Les chercheurs ont mesuré et comparé la quantité de soulagement ressentie avec la méditation lorsque le système opioïde (système de l’organisme qui joue un rôle très important dans le fonctionnement du circuit de la récompense et de la douleur) était bloqué ou qu’il ne l’était pas.
Les analyses ont montré que le blocage du système opioïde avec la naloxone a réduit le soulagement de la douleur lors des exercices de méditation chez les hommes. Un tout autre résultat a été observé chez les femmes. Celles qui avaient médité après avoir reçu de la naloxone, avaient moins de souffrance.
Ces données suggèrent que les hommes libèrent surtout des opioïdes endogènes (les analgésiques naturels du corps) pour réduire leur peine alors que l'organisme des femmes passe par plutôt pas des voies non-opioïdes.
Autre constat : chez les hommes et les femmes, les personnes souffrant de douleurs chroniques et utilisant la méditation enregistrent un soulagement de leurs maux plus important que les participants en bonne santé.
Douleur : adapter le traitement en fonction du sexe du patient
Les femmes sont connues pour être plus susceptibles de développer une dépendance aux traitements contre la douleur à base d’opioïdes synthétiques. La prédominance des voies non opioïdes dans la gestion des souffrances chez la gent féminine pourrait expliquer ce phénomène, selon les chercheurs de l'étude.
"Bien que spéculatifs, nos résultats suggèrent que l'une des raisons pour lesquelles les femmes sont plus susceptibles de devenir dépendantes aux opioïdes est qu'elles y sont biologiquement moins réactives et doivent en prendre plus pour ressentir un soulagement de la douleur", explique l’auteur Pr Fadel Zeidan dans un communiqué. Il ajoute qu’ils soulignent également "la nécessité de plus de thérapies spécifiques à la douleur, car de nombreux traitements que nous utilisons ne fonctionnent pas aussi bien pour les femmes que pour les hommes". Le scientifique et son équipe préconisent ainsi d’adapter le traitement de la douleur au sexe du patient.
"Les différences basées sur le sexe dans le traitement de la douleur sont réelles et doivent être prises plus au sérieux lors du développement et de la prescription d'un traitement contre la douleur", conclut l’expert.