Et si utiliser les gènes pour prédire si un régime alimentaire différent permettait de soulager le syndrome du côlon irritable, qui touche environ 5 % de la population française ? C’est ce qu’a suggéré une équipe internationale de chercheurs dans une nouvelle étude parue dans la revue Clinical Gastroenterology and Hepatology.
Syndrome de l’intestin irritable : 196 patients ont suivi un régime pauvre en FODMAPs
Cette recherche a été menée en partant d’un constat. "La limitation de l'apport alimentaire de certains glucides a des effets thérapeutiques chez certains patients atteints du syndrome de l'intestin irritable, mais pas chez tous." Ainsi, dans le cadre de ces travaux, les scientifiques ont étudié la variation génétique des enzymes humaines actives sur les glucides en lien avec la réponse à un régime alimentaire pauvre en FODMAPs, à savoir des sucres présents dans certains aliments qui sont lentement, voire pas du tout, absorbés par l’intestin.
Pour les besoins de l’étude, les auteurs ont recruté 250 adultes souffrant du côlon irritable. Au total, 196 participants ont dû suivre un régime pauvre en glucides fermentescibles (FODMAP) et le reste des volontaires a pris un médicament antispasmodique, le bromure d'otilonium. En parallèle, les modifications génétiques des enzymes glucidiques humaines (hCAZymes) ont été évaluées chez les patients.
Les modifications de l'ADN peuvent affecter la façon dont les malades traitent les aliments
Selon les résultats, sur les malades ayant suivi le régime pauvre en FODMAPs, ceux qui étaient porteurs d'un gène hCAZyme défectueux ont montré une amélioration significative de leur état par rapport aux non-porteurs. L'effet était particulièrement prononcé chez les personnes atteintes du syndrome du côlon irritable à prédominance diarrhéique (IBS-D), qui avaient six fois plus de chances de répondre au régime. En revanche, cette différence n'a pas été observée chez les participants recevant des médicaments.
"Les enzymes hCAZyme jouent un rôle clé dans la digestion des glucides. Nos résultats suggèrent que les variants génétiques de ces enzymes pourraient devenir des marqueurs critiques pour le développement de traitements personnalisés basés sur la nutrition pour le syndrome du côlon irritable. À l'avenir, la connaissance du génotype hCAZyme pourrait donc être intégrée à la pratique clinique et permettre aux médecins de reconnaître à l'avance les patients les plus susceptibles de bénéficier de mesures nutritionnelles spécifiques", a déclaré Britt Sabina Löscher, auteur des recherches.