Les substances chimiques per- et polyfluoroalkylées sont des polluants dits "éternels" que l'on trouve dans de nombreux produits de la vie quotidienne : emballages alimentaires, vêtements techniques, revêtements antiadhésifs, cosmétiques... Plus connus sous le nom de PFAS, ces polluants, qui ne se dégradent pas dans la nature, peuvent "contaminer les populations à travers l'alimentation, l'eau ou l'air", et "entraîner des cancers, avoir des effets sur la fertilité et le développement du fœtus", selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
Or, il y a de quoi s’inquiéter. Une nouvelle étude, publiée dans la revue ACS ES&T Water, révèle aujourd’hui la présence de ces polluants éternels dans l’eau potable - celle du robinet et celle en bouteille - consommée dans certaines grandes villes du Royaume-Uni et de Chine, entre autres.
Des PFAS détectés dans 99 % des échantillons d’eau en bouteille
Le sulfonate de perfluorooctane (PFOS) et l’acide perfluorooctanoïque (PFOA), pour ne citer qu’eux, ont notamment été détectés dans plus de 99 % des échantillons d'eau en bouteille vendue dans 15 pays à travers le monde, alors même que "leurs usages ont été très fortement restreints au niveau international respectivement depuis 2009 et 2020", note l’Anses.
La recherche, menée par des scientifiques d’universités britanniques et chinoises, met également en lumière des différences significatives dans les concentrations de PFAS entre l’eau du robinet de Birmingham (Royaume-Uni) et de Shenzhen (Chine), les échantillons chinois présentant des niveaux plus élevés de ces polluants.
Filtrer ou faire bouillir l’eau pour éviter les polluants éternels
Les chercheurs affirment toutefois que des solutions simples peuvent aider à réduire les taux de polluants éternels. Faire bouillir l’eau ou utiliser des filtres à charbon actif, comme ceux des carafes filtrantes, permet par exemple de réduire les concentrations de PFAS de 50 à 90 %, selon le type de procédé. "Nos résultats montrent que l’utilisation de filtres à eau ou la simple ébullition permet d’éliminer une proportion substantielle des PFAS présents dans l’eau potable", précisent-ils dans un communiqué.
Malgré la présence généralisée des PFAS, les concentrations observées dans l’eau embouteillée restaient pour la plupart en dessous des seuils sanitaires définis par les agences de réglementation. A l’exception des échantillons d’eau du robinet à Shenzhen, qui dépassaient la limite fixée par l’Agence américaine de protection de l’environnement (USEPA) en 2024, notamment pour le PFOS.
"Bien que les niveaux actuels ne posent pas de risque majeur pour la santé, une surveillance continue est cruciale pour protéger le public", concluent les auteurs de l’étude.