ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Progéria : une protéine pourrait améliorer la santé cardiovasculaire des patients

Maladie rare

Progéria : une protéine pourrait améliorer la santé cardiovasculaire des patients

Par Sophie Raffin

Des scientifiques ont identifié une protéine qui pourrait aider à réduire les complications cardiovasculaires chez les enfants atteints de la progéria, maladie génétique rare qui entraîne un vieillissement prématuré.

Andrii Dodonov/istock
Des chercheurs ont découvert qu'une protéine appelée Ang2 pourrait améliorer la santé cardiovasculaire des patients atteints de progéria.
L'insuffisance cardiaque et l'AVC sont les causes de décès les plus courantes chez les personnes atteintes de cette maladie rare.
Selon l'étude, un traitement Ang2 améliore entre autres le fonctionnement des cellules endothéliales, booste la formation des vaisseaux sanguins ou encore restaure les niveaux d’oxyde nitrique.

Le syndrome de Hutchinson-Gilford, plus connu sous le nom de progéria, est une maladie génétique rare qui se caractérise par un vieillissement prématuré des enfants. Les jeunes patients atteints de ce trouble ont une espérance de vie allant de 6 à 20 ans, et sont emportés le plus souvent par une maladie cardiovasculaire (insuffisance cardiaque, AVC…).

Des chercheurs des National Institutes of Health (NIH) ainsi que des universités du Maryland et Duke ont fait une découverte qui est susceptible d’augmenter leur pronostic.

Dans un article publié dans la revue Aging Cell le 18 octobre 2024, ils révèlent avoir identifié une protéine qui pourrait aider à améliorer la santé cardiovasculaire des patients atteints de progéria.

Syndrome de Hutchinson-Gilford : une protéine mise en cause

Souhaitant mieux comprendre l'origine des complications cardiovasculaires observées chez les patients touchés par le syndrome de Hutchinson-Gilford, les chercheurs ont étudié des animaux atteints de ce trouble. Ils ont plus précisément observé leurs cellules endothéliales. Ces dernières sont connues entre autres pour jouer un rôle essentiel dans le contrôle du tonus vasculaire, et par effet domino, du débit sanguin.

En étudiant les signaux envoyés par les cellules endothéliales des animaux malades, l’équipe a découvert que l’angiopoïétine-2 (Ang2) - une protéine qui régule la formation de nouveaux vaisseaux sanguins et le flux de substances à travers leurs parois - est altérée chez les sujets touchés par la maladie. Ce qui entraîne des dysfonctionnements des cellules endothéliales.

Les travaux ont également permis de montrer qu'administrer de l’Ang2 pouvait “sauver” les cellules endothéliales. Cela boostait la formation des vaisseaux sanguins, normalisait la migration cellulaire et augmentait les niveaux d’oxyde nitrique, qui sont essentiels pour un système vasculaire sain.

"Le traitement Ang2 améliore aussi la signalisation des cellules endothéliales vers les cellules musculaires lisses vasculaires, ce qui suggère qu'il pourrait être une thérapie potentielle pour les dysfonctionnements vasculaires dans le syndrome de Hutchinson-Gilford", explique l'auteure principale et doctorante en sciences biologiques Sahar Vakili dans un communiqué.

Progéria : un pas de plus vers un traitement

La professeure Kan Cao qui a aussi travaillé sur cette recherche, reconnaît que cette découverte n’aboutira probablement pas à un remède définitif contre la progéria dans l’immédiat. Toutefois, la spécialiste de la maladie assure que cela représente une avancée prometteuse. Elle pourrait aider à améliorer la santé cardiaque et réduire les complications cardiovasculaires des patients, et ainsi leur faire gagner de précieuses années de vie.

"Bien que l'Ang2 n'ait de récepteurs que sur les cellules endothéliales, il peut avoir un impact bénéfique plus large sur d'autres types de tissus au-delà des systèmes cardiovasculaires, tels que les tissus osseux et adipeux, car les vaisseaux sanguins sont essentiels à notre corps pour transporter les nutriments, l'oxygène et les déchets", indique l’experte.

"Cela pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements ciblant les complications cardiovasculaires de la progéria, qui sont actuellement une cause majeure de mortalité chez les enfants concernés", précise sa collègue Sahar Vakili. "Au-delà de la progéria, les connaissances acquises grâce à cette recherche pourraient également être applicables à d’autres maladies liées à l’âge dans lesquelles le dysfonctionnement endothélial joue un rôle."

Les deux chercheuses de l'université du Maryland ajoutent que chaque découverte est un pas de plus vers l’identification d’un remède contre la progéria, maladie génétique touchant 1 nouveau-né sur 4 à 8 millions.