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Comment la maladie d’Alzheimer endommage le cerveau en deux temps

Par Stanislas Deve

Une étude révèle que dans la maladie d’Alzheimer, le cerveau subit des dommages bien avant l’apparition des symptômes, ce qui pourrait ouvrir la voie à des traitements précoces.

Popartic / istock
D’après des scientifiques, l’Alzheimer agirait en deux phases. La première, lente et discrète, commence bien avant que les symptômes ne se manifestent. Pendant cette période, seuls certains types de cellules sont affectés, notamment des neurones dits "inhibiteurs".
C’est uniquement lors de la seconde phase que les dégâts deviennent plus visibles, marqués par une destruction massive des neurones et l’apparition des signes cliniques caractéristiques comme les pertes de mémoire.
"Pour la première fois, nous pouvons observer les premiers changements dans le cerveau, ouvrant ainsi la voie à des traitements plus précoces et potentiellement plus efficaces", permettant de ralentir, voire stopper, la progression de la maladie avant qu’elle ne devienne irréversible.

Et si elle ne progressait pas de manière linéaire, mais en deux temps distincts ? Traditionnellement, la maladie d’Alzheimer est vue comme un déclin progressif, marqué par l’accumulation de plaques amyloïdes, l’enchevêtrement de protéines tau et la mort des neurones. Une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Neuroscience, suggère aujourd’hui que le cerveau subit en réalité des dommages bien avant l’apparition des symptômes, au cours d’une phase dite silencieuse. Une découverte qui pourrait bouleverser notre compréhension de la maladie neurodégénérative et conduire à des traitements plus efficaces.

Des dommages cérébraux bien avant les premiers symptômes

Pour parvenir à ce constat, les chercheurs du Allen Institute de Seattle, aux Etats-Unis, ont examiné les cerveaux de 84 personnes atteintes d'Alzheimer, en utilisant des outils de cartographie cérébrale avancés pour étudier certaines régions impliquées dans la mémoire, le langage et la vision. En comparant les données avec celles de donneurs en bonne santé, ils ont établi une "ligne du temps" génétique et cellulaire des changements provoqués par la maladie.

Ainsi, d’après les scientifiques, la maladie d'Alzheimer agirait en deux phases. La première, lente et discrète, commence bien avant que les symptômes ne se manifestent. Pendant cette période, seuls certains types de cellules sont affectés, notamment des neurones dits "inhibiteurs". C’est uniquement lors de la seconde phase que les dégâts deviennent plus visibles, marqués par une destruction massive des neurones et l’apparition des signes cliniques caractéristiques comme les pertes de mémoire.

"Une des difficultés du diagnostic et du traitement d'Alzheimer est que la majorité des dommages cérébraux surviennent bien avant l’apparition des symptômes, expliquent les scientifiques dans un communiqué. Pour la première fois, nous pouvons observer les premiers changements dans le cerveau, ouvrant ainsi la voie à des traitements plus précoces et potentiellement plus efficaces." En effet, si cette première phase silencieuse peut être identifiée, il devient envisageable de développer des thérapies visant à ralentir, voire stopper, la progression de la maladie avant qu’elle ne devienne irréversible.

Le rôle des neurones inhibiteurs dans la maladie d’Alzheimer

L'un des points forts de l’étude est la découverte du rôle des neurones inhibiteurs, appelés neurones SST, qui étaient jusqu’à présent peu étudiés dans le cadre d’Alzheimer. Ces cellules, essentielles pour réguler l’activité cérébrale en envoyant des signaux "calmants" aux autres neurones, semblent être parmi les premières victimes de la maladie. Leur dégénérescence pourrait être un élément déclencheur des perturbations des circuits neuronaux, précipitant le déclin cognitif.

Les chercheurs suggèrent que la perte de ces neurones inhibiteurs pourrait bouleverser l’équilibre entre les signaux d’activation et d’inhibition dans le cerveau, menant à une cascade d’événements dommageables. Cela contraste avec la vision précédente qui se concentrait principalement sur les neurones "excitants", ceux envoyant des signaux d’activation.