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Nature

À l'âge de deux ans, les filles jouent déjà moins à l'extérieur que les garçons

Par Geneviève Andrianaly

Par rapport aux garçons, les filles de deux ans passent moins de temps dehors et sont moins actives physiquement, ce qui les rend plus susceptibles d'avoir des problèmes de santé mentale en vieillissant.

dolgachov/iStock
Contrairement aux garçons, les filles d'âge préscolaire passaient moins de temps à jouer dans la nature, ce qui peut avoir des répercussions à long terme sur leur santé mentale.
Par rapport aux jeunes caucasiens, les enfants appartenant à des groupes ethniques minoritaires jouent moins.
Les tout-petits de deux à quatre ans vivant dans des zones rurales s’amusent plus longtemps dehors que ceux des zones urbaines.

1,2,3 soleil, cache-cache, balle aux prisonniers, chasse au trésor… Jouer dans la nature présente d'importants avantages pour la santé physique et mentale des jeunes. Lorsque les enfants se divertissent en plein air, ils ont plus de chances d'être actifs, de jouer de manière aventureuse, par exemple en grimpant aux arbres, et de se rapprocher de la nature et d'en apprendre davantage à son sujet. Cependant, les données sur les effets des jeux à l'extérieur chez des enfants d'âge préscolaire sont rares. Ainsi, des chercheurs de l'université d'Exeter (Angleterre) ont réalisé une étude publiée dans la revue Journal of Physical Activity and Health.

Pour mener à bien les recherches, l’équipe a recruté un échantillon de 1.166 parents ou responsables d’enfants âgés de 2 à 4 ans vivant en Grande-Bretagne. Les personnes en charge des enfants ont dû indiquer le temps passé par les tout-petits à jouer dans sept lieux et le niveau de jeu d'aventure associé. Les réponses ont été utilisées pour calculer le temps (en heures par an) de jeu total, le temps de jeu en plein air et le temps de jeu d’aventure. "Les associations entre les caractéristiques sociodémographiques et les résultats des jeux ont été examinées, en tenant compte des variables confusionnelles pertinentes", ont précisé les auteurs.

Activité physique : "Il se peut que les filles soient déjà désavantagées très tôt dans la vie"

En dehors des périodes de garde, les enfants d'âge préscolaire passent environ 4 heures par jour à jouer, dont 1 heure 45 minutes à l'extérieur. La plupart des jeux en plein air se déroulaient dans les jardins des maisons. En dehors de la maison, les tout-petits s’amusaient le plus souvent sur des terrains de jeux et dans des espaces verts. "Les niveaux de jeu d'aventure sont les plus élevés dans les centres de jeux intérieurs, suivis par les terrains de jeux et les espaces verts", peut-on lire dans les résultats.

Les chercheurs ont constaté des différences dans le temps passé par les garçons et les filles à jouer dehors dans la nature. D’après les recherches, par rapport aux filles, les garçons passaient plus de temps à jouer dehors, principalement en raison du temps passé dans les espaces verts. "Les enfants plus âgés ont tendance à être mis dans des cas, plus précisément des rôles de genre particuliers, et les filles peuvent alors passer moins de temps à jouer dehors dans la nature. Nous ne nous attendions pas à observer cette tendance dès l'âge de deux ans et, compte tenu du lien entre les jeux en plein air et l'activité physique, il se peut que les filles soient déjà désavantagées très tôt dans la vie", a déclaré Kathryn Hesketh, qui a participé à l’étude.

L'appartenance ethnique et le lieu d’habitation sont aussi des facteurs prédictifs 

Les données ont aussi montré également que les enfants d'âge préscolaire appartenant à une minorité ethnique jouaient moins que les enfants caucasiens. Autre observation : les jeunes vivant en milieu rural passent plus de temps à jouer que ceux résidant en milieu urbain. "Pour rappel, des problèmes peuvent survenir si les enfants n'ont pas eu suffisamment l'occasion de jouer à l'aventure et d'apprendre à gérer les sentiments d'incertitude et d'anxiété de manière ludique. S'ils ont eu l'occasion de découvrir ces sentiments et ces émotions en jouant, ils risquent moins de réagir négativement et de se sentir dépassés lorsqu'ils sont confrontés à des défis, tels que la première rentrée scolaire", a expliqué Helen Dodd, professeur de psychologie de l'enfant et co-auteur des recherches.

Ces résultats ont conduit l'équipe de recherche à lancer un nouveau projet visant à déterminer si un programme d'amélioration du jeu dans les écoles peut être bénéfique pour la santé mentale des enfants.